La Scuderia Ferrari a beau être l’écurie la plus titrée de l’histoire de la Formule 1, elle n’en est pas moins une formidable machine à loser quand elle s’y met. Retour sur ces 5 moments où les Rouges se sont vautrés.
“Les voitures de course ne sont ni belles ni laides, elles sont belles quand elles gagnent”. Enzo Ferrari ne croyait pas si bien dire. Mais nous à la FFL, on a décidé de passer outre les 16 titres de champion du monde constructeurs glanés par les Rouges. Il faut dire que la bévue monumentale de l’écurie italienne lors du dernier Grand Prix de Monaco, permettant à Charles Leclerc de se nourrir de chocolat pour la semaine, nous a bien aidés. Ainsi nous avons décidé de revenir sur les grands moments de la Scuderia, quand celle-ci n’a pas hésité à jeter à la poubelle des victoires toutes faites.
GP Monza 1995 : Un doublé qui se transforme en double abandon
Nous ne pouvions pas mieux débuter notre Top 5 chronologique. En cette triste saison 1995, qui a notamment vu Jean Alesi remporter son unique Grand Prix de Formule 1 à Montréal, la Scuderia Ferrari a frappé un grand coup. Et qui plus est à domicile, sur ses terres à Monza. Quatre mois après la victoire canadienne, les Rouges ont l’occasion de sauver leur saison tristounette. Michael Schumacher (Benetton) et Damon Hill (Williams) dominent sans partage et laissent des miettes aux autres concurrents. Mais au temple de la vitesse, les deux cadors s’accrochent et abandonnent. Et devinez qui occupent les deux premières places ? Berger et Alesi.
Au moment de s’arrêter une dernière fois aux stands, Jean Alesi sort vainqueur de ce jeu de ravitaillement et mène la course. Si l’ordre du doublé n’a pas d’importance pour Ferrari, il en a une pour nous. Mais en y réfléchissant mieux, heureusement que c’est le poissard Alesi qui est en tête. Et en ce 10 septembre 1995, sa légendaire étoile maudite ne va pas déroger à la règle. Lors de son arrêt aux puits, un mécano s’appuie sur l’arrière de sa voiture sans faire exprès. Résultat ? La caméra embarquée fixée à cet endroit se détache, Berger roule dessus et casse sa suspension. Mais le festival de la Scuderia ne s’arrête pas en si bon chemin. Jean Alesi abandonne à 8 tours de l’arrivée à cause d’une roue mal serrée. Doublé Ferrari aux stands.
“On me dit d’arrêter de rêver ! Mais moi, je ne rêve que de cette victoire à Monza… Je crois que je suis maudit” J. Alesi
Petite cerise sur le gâteau, il s’agissait ni plus ni moins des adieux de Berger et Alesi aux tifosi. Ciao.
GP Singapour 2008 : Faux départ et vraie lose
Il y a des courses qui traversent les années sans prendre une seule ride. Et ce Grand Prix de Singapour 2008 en fait partie. Tandis que le duel Massa – Hamilton fait rage pour le titre mondial, l’épreuve singapourienne va mettre en avant une boulette ingénieuse de Ferrari. Tout commence bien évidemment avec le crash volontaire de Nelson Piquet. Une merveille de manœuvre anti fair-play de Renault dont on ne pouvait pas passer à côté.
Qui dit voiture de sécurité dit arrêt aux stands précipité. En tête de la course, Massa se jette dans les puits et repart illico presto dès le signal de son mécano. Manque de chance pour le Brésilien et Ferrari, le signal a été envoyé trop tôt. Felipe repart en arrachant le tuyau de ravitaillement, comme si de rien n’était.
Heartbreak for Felipe Massa (Ferrari) as his fuel rig was still attached as he left his pit box! 2008 Singapore #F1 pic.twitter.com/25P723TyEY
— Motorsports in the 2000s (@CrystalRacing) September 28, 2018
Parti pour gagner, Massa termine finalement 13e et Hamilton 3e. Quand on sait que Lewis a été champion cette année-là pour un seul point, cette bourde a non seulement coûté la victoire à Massa, mais également son titre mondial.
GP Abu Dhabi 2010 : Ferrari fait don du titre à Red Bull
Assurément le plus beau chef-d’œuvre de cette collection. Loin d’avoir la meilleure voiture du paddock, Fernando Alonso se bat toute la saison contre les Red Bull de Webber et Vettel. Mais l’Espagnol ne lâche rien et arrive à Abu Dhabi avec 8 points d’avance sur l’Australien, 15 sur l’Allemand.
La Scuderia se concentre uniquement sur Webber, alors quand ce dernier plonge dans les stands, les Rouges appellent de suite Alonso. Sans se soucier que cela va le faire ressortir derrière un certain Vitaly Petrov. Et sans se rendre compte, également, que c’est le leader Vettel qui s’envole vers le titre. Son ingénieur Andrea Stella s’en remet à la stratégie du dernier espoir.
“Use the best of your talent please Fernando” A. Stella
Durant presque 40 tours, Alonso va tenter de gommer l’erreur stratégique de Ferrari, en vain. L’Espagnol perd le championnat pour 4 petits points avec ce qu’il faut de regrets.
GP Canada 2012 : Une dégringolada en 5 tours
Deux ans après ce sublime coup réalisé par Ferrari, la Scuderia se réinvente à Montréal. À 20 tours de l’arrivée, tous les hommes de tête décident de rentrer aux stands pour changer leurs pneus. Tous, sauf un : Fernando Alonso. L’Espagnol reste en tête de la course avec des pneus usagés, la Scuderia pensant être plus intelligente que les autres. Il ne reste plus que 7 petits tours à couvrir avant de pouvoir lever les bras. Période durant laquelle Ferrari va récolter tous les bénéfices de sa stratégie suicidaire.
Alonso finit par se faire doubler par Hamilton, avant de se faire dépasser à trois reprises lors des 5 derniers tours seulement. Grosjean, Perez et Vettel peuvent remercier la Scuderia. Surtout l’Allemand, qui remportera le titre mondial en fin de saison pour 3 petits points devant… Alonso.
GP Monaco 2022 : Le dernier monument de Ferrari
Déjà en 2019, Ferrari avait averti Charles Leclerc ; il ne gagnera jamais à domicile avec les Rouges. Alors qu’il avait réalisé le meilleur temps des essais, Charles abordait les qualifs avec de grandes chances de signer une pole. Et donc une première victoire en Principauté. Mais la stratégie italienne a eu raison de ses espoirs. La Scuderia décide de ne pas le faire ressortir en Q1, pensant que son temps serait suffisant. Leclerc se fait finalement éliminer, et par son coéquipier Vettel en plus.
Mais la dernière œuvre d’art de la Scuderia n’a rien à envier aux précédentes. Parti en pole position, Charles Leclerc avait la victoire qui lui tendait les bras. Surtout dans les rues de Monaco, où il est plus facile de dépasser sur le périph parisien encore. Cette fois-ci, la giga boulette s’est effectuée en deux temps. D’abord, une sous-estimation de la performance des pneus intermédiaires de la part des ingénieurs Ferrari. Leclerc entre dans le box quelques tours après Perez, et ressort derrière le Mexicain. Simple, efficace.
Seulement quatre boucles après son arrêt aux stands, Ferrari rappelle le Monégasque pour lui faire chausser des pneus durs. En prenant bien soin de faire arrêter Sainz juste devant lui. Résultat Leclerc ressort derrière son coéquipier et même Verstappen qui passait par là. Chuter de la première à la quatrième place à Monaco sans se faire doubler une seule fois sur la piste. La vie que Ferrari a décidé de faire mener à Charles Leclerc.
Le clan Ferrari en plein chaos stratégique, Charles Leclerc fou de rage dans la radio ! 🤬#MonacoGP 🇲🇨 #F1
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— CANAL+ F1® (@CanalplusF1) May 29, 2022
@fededelalose Quelle écurie les amis quelle écurie ! #f1 #ferrari #formule1 ♬ William Tell Overture (Rossini) – Orchestra of Classical Music