Certes, avec cinq finales consécutives perdues à l’EuroBasket féminin, les Françaises se sont accaparées la lose du ballon orange pourrait-on se dire. Mais il faudrait manquer de culture nationale pour être en accord avec cette idée. Car cinq décennies plus tôt, dans la brume néerlandaise, les Bleues vont établir un record toujours inégalé aujourd’hui. Plus d’un demi-siècle plus tard. Celui de la plus grosse rouste ever lors d’une finale d’un Euro.
Si les Italiennes remportent, à domicile, la toute première édition de l’EuroBasket féminin en 1938, les Soviétiques vont quelque peu leur faire de l’ombre. Quatre succès consécutifs dans un premier temps, avant que les inévitables Bulgares ne viennent briser leur délire en finale. Puis une série dingue de dix-sept sacres d’affilée, de 1960 à 1991. L’URSS remporte 21 des 23 premiers championnats d’Europe féminins. Soit trente-et-un an de règne sur le toit de l’Europe. Soit plus longtemps encore que le règne de Staline. Rien que ça.
Comme vous l’aurez compris, durant ces trois décennies, l’objectif des autres nations est devenu très simple : finir la meilleure des autres. Et à ce petit jeu, l’Équipe de France féminine n’est pas en reste. Lors de l’Euro 1970, aux Pays-Bas, les Françaises vont frapper fort. Mais alors si fort qu’on se retrouve à se remémorer cette folle épopée. Plus de 50 ans après.
Un début de tournoi prometteur des Françaises…
La compétition débute par une phase de poules. Six équipes, seules les deux premières sont qualifiées pour les demi-finales. De quoi motiver les Tricolores dès le début du tournoi. Pense-t-on. Car avant d’être surnommées les « Braqueuses », les Françaises avaient plutôt la fâcheuse manie de se faire braquer. Pour leur match d’ouverture dans la compétition, les Bleues ne pouvaient affronter personne d’autre que les Soviétiques. Et rien de mieux que de se prendre 36 points dans les dents lors de son entrée en lice. Score final 77-41. Histoire de se mettre dans le bain.
Mais les Tricolores ne vont pas pour autant lâcher prise. Pire, elles remportent les quatre autres confrontations dans leur groupe ; Hongroises, Polonaises, Italiennes, Néerlandaises, toutes y passent. Y compris notre sérénité. Mais en demi-finale, les Bleues sont opposées à la fameuse Bulgarie. Seule nation de l’histoire à avoir vaincu l’URSS en finale d’un Euro. La tâche paraît insurmontable, d’autant plus que les joueuses originaires des Balkans ont fini premières de leur groupe. Et invaincues. Mais voilà, les irréductibles Gauloises aiment déjouer les pronostics. Une victoire 69-64 sur les Bulgares qui leur octroie le droit, pour la première fois de leur histoire, de se hisser en finale de l’EuroBasket. Contre qui ? L’URSS bien évidemment.
… et une finale carrément historique !
En ce 19 septembre 1970, la salle de Rotterdam va être le théâtre d’une finale d’anthologie. Face aux Soviétiques, les Bleues vont entrer dans l’histoire. Et dans la postérité par la même occasion. Ce n’est pas vraiment leur défaite en finale qui les rend uniques. Car l’URSS remporte là son dixième sacre européen. Onze autres suivront. Rien de bien singulier donc. Non, la prouesse tricolore réside plutôt dans la marque. Voyant qu’elles seraient entassées avec les autres nations ayant échoué face aux Soviétiques en finale, les Françaises décident de se démarquer au niveau du score : une gifle 94-33. Quasiment le triple de points marqués par l’URSS. 61 points d’écart. Un record. Jamais il n’a été aussi grand lors d’une finale d’un EuroBasket. Les frissons.
Cet exploit planétaire a sans nul doute inspiré les générations suivantes. Après une telle performance en finale d’un Euro, il ne faut pas s’étonner si derrière les Bleues essayent d’innover dans la lose aujourd’hui : 2013, 2015, 2017, 2019, 2021. Cinq finales consécutives perdues à l’Euro. Cinq chefs-d’œuvre.
Qui deviennent des bides face à cette giga lose semi-séculaire.