Coupe de la Ligue 2000 PSG – Gueugnon | C’est en forgeant que nous loserons


Amara TRAORE of Gueugnon celebrate with the trophy during the League Cup final match between FC Gueugnon and Paris Saint Germain at Stade de France, Saint-Denis, France on April 22nd, 2000. ( Photo by Alain Gadoffre / Onze / Icon Sport )? - Stade de France - Paris (France)

Si l’année 2000 a été marquée par l’accession en finale de la Coupe de France de Calais, la performance du Football Club de Gueugnon en Coupe de la Ligue n’a rien à lui envier. Une finale qui restera à jamais dans le cœur des Français. La défaite du PSG en finale n’y est peut-être pas pour rien.

Leader mondial de l’acier inoxydable durant le XXe siècle, le FC Gueugnon hérite logiquement du surnom des Forgerons. Et c’est à peu près tout ce qu’a fait Gueugnon durant le siècle dernier, excepté la saison 1978-1979. Cette année-là, les Gueugnonnais placent la Saône-et-Loire sur la carte de la France. En effet, ils réalisent un doublé encore inédit dans l’histoire de football : Division 2 et Coupe de Bourgogne.

Mais c’était sans compter sur les irréductibles Gueugnonnais qui, refusant de passer professionnels, ne peuvent accéder à la Ligue 1. Les voici repartis pour une nouvelle saison de galère en deuxième division. Une lose épique pour le club, avec pour seul lot de consolation le record d’années consécutives passées en Division 2 (1970 à 1995). Mais lors de la saison 1995-1996, le FC Gueugnon décide de renier ses valeurs et monte finalement en D1. Une saison ponctuée comme il se doit par une place de reléguable. Chassez le naturel, et il revient au galop.

Il en faut toutefois plus pour décontenancer le bourg de 7 000 habitants. À peine quatre années sont passées que les Forgerons vont réaliser la plus belle saison de l’histoire de leur club. En même temps, pas très compliqué vous me direz. Reconnu pour avoir été la piste d’atterrissage de la fin de carrière de Tony Vairelles, le FC Gueugnon va prouver qu’il n’est pas (seulement) ça.

L’accession en finale au bout du pied du gardien

Le boute-en-train Bourguignon commence ses blagues de mauvais goût… en Coupe de France. Vainqueur surprise de l’Olympique de Marseille au Stade Vélodrome en 16e de finale sur le score de 4 buts à 3 (pour 9 tirs au total durant le match), les Gueugnonnais s’apprêtent à faire vaciller une nouvelle fois le football français deux mois plus tard. Dès les huitièmes de finale de la Coupe de la Ligue, le FC Gueugnon se fait remarquer en écartant le TFC, puis en faisant tomber au tour suivant le Racing Strasbourg, vainqueur de l’épreuve en 1997.

Voilà donc Gueugnon dans le dernier carré de la Coupe de la Ligue. Opposés au Red Star, les Forgerons doivent attendre la séance de tirs aux buts pour se défaire des Audoniens. Les 17 premiers tireurs réussissent leur tentative. Le suspense est insupportable. Et bien évidemment cela ne pouvait être que son gardien Richard Trivino pour transformer le pénalty de la gagne. Le FC Gueugnon est juste injouable en ce début de deuxième millénaire.

Il n’en faut pas plus pour que les Forgerons deviennent des héros pour leur petite ville. Et dans toute la Bourgogne. Mais leur milieu de terrain, Nicolas Esceth-N’Zi, a la fâcheuse tendance à briser carrément le mythe.

« Pour être très honnête, la Coupe de la Ligue, c’est ce qui rapporte le plus pour les joueurs. Passer un tour, ça nous mettait une bonne prime » N. Esceth-N’Zi

Une exception vous dites ? Son collègue en défense David Fanzel vient tout de suite vous ôter le moindre doute.

« On ne va pas être hypocrite : personne n’a envie d’aller disputer un premier tour de Coupe de la Ligue à Niort dans le froid, en plein hiver et en pleine semaine » D. Fanzel

Gueugnon, terre de grosse confiance

Quoiqu’assoiffés par la moula, il n’en est pas moins que les Gueugnonnais vont affronter le PSG en finale. En tout cas pour l’un d’eux, la finale a failli tourner court. S’étant coloré les cheveux pour marquer le coup, Sylvain Distin a eu une drôle de surprise la nuit précédant le match.

« Dans la nuit, je me réveille à 3h avec la sensation d’avoir le visage un peu bouffi. J’allume la lumière et je m’aperçois que la coloration s’était transformée en infection. Là, je panique et je me dis : ‘J’ai fait le con et je ne vais pas jouer la finale’ » S. Distin

Mais plus de peur que de mal, le futur Toffees prend part à la finale. Les Parisiens quant à eux arrivent au Stade de France avec, non pas l’étiquette, mais la pancarte de favori. En même temps, qui pourrait penser que le vice-champion de France va être inquiété par onze forgerons. Toutefois, une légère brise de révolte commence à souffler sur le foot français. Dix jours avant la finale, les Girondins de Bordeaux se font éjecter en demi-finale de la Coupe de France par les amateurs inconnus de Calais. Un exploit qui fait dire aux supporters Bourguignons que le PSG sera le Premier Sacre de Gueugnon. Rarement vu une telle assurance.

« Il n’y avait aucune peur de jouer le PSG. T’en as rien à foutre d’eux en fait. On a joué tout le match. On est venus et on les a pris en 4-4-2 » N. Esceth-N’Zi

Le résumé de la finale PSG – Gueugnon

Cette déclaration du numéro 10 du FCG vaut mieux qu’un résumé de la rencontre. Tout est dit. Si ce n’est qu’à l’heure de jeu, ce même Esceth-N’Zi tente une frappe de 30 mètres. Sur le poteau. Mais Trapasso suit. 1-0. Puis dans les arrêts de jeu, Sylvain Flauto déclenche une contre-attaque et se retrouve seul face à quatre Parisiens. Pas un souci. Ce dernier slalome les quatre et déglutit les derniers espoirs du PSG d’un tir croisé dans le petit filet.

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« Après le match on est allés au Lido faire des photos en plein spectacle. Il y avait des touristes chinois qui ne comprenaient rien à ce qui se passait » N. Esceth-N’Zi

Les joueurs du PSG, eux, ont bien compris. Avec le retrait de la Coupe de la Ligue en 2020, les Gueugnonnais resteront les seuls joueurs de Ligue 2 à avoir remporter cette compétition.

À jamais les derniers.