CdF 2010 – Colmar | Le LOSC se noie dans la petite Venise d’Alsace.


Colmar ouragan, la tempête en moi. Crédit : IconSport

Si on retient du passage de Rudi Garcia au LOSC son titre de champion de France en 2011 – le premier depuis 57 ans d’attente – on oublie trop souvent son autre exploit ; la campagne de Coupe de France 2010. Un parcours qui aura duré le temps d’un match. Mais quel match.

Fondée en 1919, l’Association Sportive de Colmar a dû attendre de changer quatre fois de blaze pour décrocher son premier titre sur la scène nationale. En effet c’est en 2010 que les Colmariens deviennent champions de CFA, sous le doux nom de Stadium Racing Colmar. Ne nous demandez pas d’expliquer cette appellation, nous n’avons pas la réponse.

Mais l’exploit le plus retentissant lors de cette saison n’est pas ce trophée, loin de là. Toujours en course pour les 32es de finale de la Coupe de France, le SRC est opposé au LOSC, qui sera champion de France l’année suivante. Un genre de déséquilibre qui ne plaît qu’aux petites équipes françaises. Si à l’étranger les raclées sont monumentales, en France les clubs de l’élite se rendent sur des champs de patates en serrant les fesses. Et on les comprend. Car jouer sa qualification face à 2900 irréductibles supporters dans le bouillant Colmar Stadium n’arrive pas tous les jours. Et on n’en ressort pas indemne.

En face les Dogues ont l’air de se la couler douce dans leur département du Nord. Trois défaites et un match nul pour embrayer le nouveau championnat. Le ton est donné pour la suite de la saison. Alors quand il s’agit de soigner leur entrée en lice en Coupe de France, on se prépare tous à une sortie de piste. Et elle aura lieu. Avec style.

24 Heures chrono (dans les transports), le nouveau remake du LOSC

Qu’est-ce que serait une giga lose en France sans, en amont, une dinguerie signée par son administration ? Avant même que le coup d’envoi n’ait lieu, la rencontre entre Colmariens et Lillois va prendre une tournure exceptionnelle. Dans le froid polaire alsacien du mois de janvier, les pelouses ont plutôt tendance à geler sévère. Et le gazon du Colmar Stadium ne va pas déroger à la règle. Un scénario que les dirigeants lillois ont très vite compris une semaine auparavant. Mais en France l’heure c’est l’heure. Et à 16h01, plus personne ne répond dans les bureaux de la Fédé. Pas même pour l’organisation d’un 32e de finale de Coupe de France. Quel pays mes amis.

Les joueurs du LOSC se frappent donc tous les transports possibles et imaginables en l’espace de 24h. Tandis qu’ils rallient Zürich pour ensuite rejoindre Colmar, ils apprennent que le match est finalement reporté dans deux semaines. Et se tapent donc un retour avec comme point d’atterrissage Mulhouse, pour finalement rentrer à Lille. Être footballeur en France, c’est revivre sa vie d’étudiant en fait.

Cet imbroglio nous amène donc à ce fameux samedi 23 janvier 2010. Tandis que les Lillois pensaient avoir vécu le pire, ce qu’il va se passer sur le terrain leur ferait presque relativiser les 24 heures passées à ronfler dans les avions et les bus.

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Le résumé du match Colmar – LOSC

Le LOSC se rend pour la deuxième reprise en Alsace avec comme ferme intention de ne pas y retourner une troisième fois. Alors Rudi Garcia amène dans ses bagages Eden Hazard et toute sa clique. Ludovic Obraniak, Idrissa Gueye et Tulio De Melo sont aussi du voyage pour assurer une qualif qui est impossible à leur échapper.

La partie débute dans une intensité folle. Le SRC emballe la rencontre mais foire toujours sa finition. Le ballon arrive plus souvent sur les pare-chocs des voitures stationnées dans le parking plutôt que dans les gants de Ludovic Butelle. Mais ça ne dissuade pas les locaux de continuer à forcer la décision.

Et dans l’ultime minute du temps réglementaire, les Colmariens font chavirer le stade. Sur un coup-franc excentré côté droit, le capitaine Régis Kittler dépose le ballon sur la tête de Cédric Faivre. Ou du moins un poil trop haut. Il n’en faut pas plus à Faivre pour refaire vivre la main de Dieu le temps d’un instant et envoyer sa meilleure manchette dans le but vide. Digne d’un Ngapeth des grands soirs. Entré en jeu à la 60e minute, le bougre avait déjà écopé d’un carton jaune dix minutes plus tard. Donc second avertissement, rouge. Où comment passer de héros à zéro en moins d’une seconde.

19 pénaltys tirés pour finalement foirer le 20e, bienvenue à Lille

Les trente minutes de prolongations s’annoncent particulièrement interminables pour les Verts. En face, Mathieu Debuchy et Eden Hazard sont entrés en jeu pour signer l’arrêt de mort du SRC. Mais un Rudi Garcia inspiré ne parvient pas à prendre le dessus tactique sur l’immense Stadium Racing Colmar. Direction les tirs aux buts.

Les locaux sont les premiers à craquer, par l’intermédiaire de leur capitaine Kittler. La cerise sur un gâteau dont les Lillois ne veulent visiblement pas. Tulio De Melo échoue juste derrière. Va suivre alors un suspense irrespirable. Les six tireurs de chaque équipe vont tous transformer leur pénalty. Avant que Stéphane Dumont ne flanche. Et devinez quoi ? Il était lui aussi le capitaine du LOSC. La boucle est bouclée.

Défaite 10-9 aux pénaltys. Si on se croit davantage à un super tie-break à l’Open d’Australie, ce sont néanmoins les Colmariens qui rallient les 16es de finale. En face, Rudi Garcia est le seul à trouver cette défaite justifiée et explicable.

« On a peut-être manqué de maîtrise pour passer sur les côtés mais je ne peux pas en demander trop à mes jeunes joueurs » R. Garcia

Toujours la phrase qui tue ce Rudi. Une magnifique technique pour assommer une deuxième fois ses propres supporters.


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