Il fut un temps béni où le Rallye automobile n’était pas trusté par la France. Pas de Sébastien Loeb ni de Sébastien Ogier pour ruiner nos semaines. La vie était belle sans Sébastien(s). En 1998, avant la dernière manche de la saison au Royaume-Uni, deux hommes non-français se tirent la bourre. L’espagnol Carlos Sainz, père du pilote de Formule 1, et le finlandais Tommi Mäkinen. Les 2 sont en quête de leur 3e titre de champion du monde.
Un boulevard pour Carlos Sainz
Tommi Mäkinen, au volant de sa Mitsubishi Lancer est clairement le favori. Il reste sur 3 victoires dans les 5 derniers rallyes. Et pourtant, on a longtemps pensé que ça allait être sur le Finlandais que la foudre de la lose allait s’abattre en ce mois de novembre 1998.
Sur l’épreuve chronométrique de Millbrook, Mäkinen s’élance en premier parmi les modernes. Avant lui, des voitures historiques se sont élancées sur le même parcours. Problème, l’une d’entre elles a versé énormément d’huile sur le bitume, et personne n’a daigné prévenir le Finlandais. Résultat des courses, il s’éclate contre une pile de béton, tente de repartir, mais se fait arrêter par des motards de la police. Fin de la partie en mode GTA pour le Finlandais. 5 étoiles, mais pour la lose.
Carlos Sainz, lui, n’a plus qu’à marquer 3 petits points pour devenir champion du monde. Un jeu d’enfant pour l’Espagnol qui n’a qu’à maitriser les 3 jours de compétition pour ramener la coupe à la maison. Pour ce faire, il faut qu’il finisse au pire 4e. Il gère tout cela d’une main de maitre avant la dernière étape.
À 600 mètres du bonheur
Au départ de la dernière étape à Margam, Carlos Sainz n’a aucun souci à se faire. 4e avec 2 minutes d’avance sur son poursuivant, il faudrait une sacrée boulette de sa part pour que le titre lui échappe. Ou alors, une giga poisse. Et c’est devant le château de Margam, dans la dernière ligne droite de l’étape, du rallye et de la saison, que l’incroyable arrive.
Dans les derniers hectomètres, la Toyota de Sainz commence à ralentir et fumer. Et pour une bonne raison : le moteur a explosé à 500 mètres de l’arrivée. Carlos Sainz tente l’extincteur afin de le refroidir et de le faire redémarrer, mais rien n’y fait. Il ne verra ni la ligne d’arrivée ni la victoire. L’Espagnol est prostré, complètement hagard. Son copilote Moya est lui totalement à l’opposé de sa posture. Furieux, il injure tout ce qui bouge, jette son casque sur sa voiture et fulmine à tout va en regardant les concurrents passer.
Sur les 380,30 kilomètres du rallye de Grande-Bretagne, Carlos Sainz n’en parcourt que 379,80. Les 500 derniers mètres, il les fera à pied. Tommi Mäkinen dans l’histoire ? Il était déjà à son hôtel, prêt à rentrer en Finlande. Il apprendra la double nouvelle au téléphone alors qu’il répondait à une interview. Double nouvelle, car en même temps Toyota a aussi perdu le titre constructeur. Une double lose simultanée. Pour l’éternité.