Athlétisme | La désillusion Kévin Mayer pour les JO


Kévin Mayer

Avec Kévin Mayer, nous avons appris à être grandement déçus par le passé. Mais cette fois, le décathlonien français a inauguré une nouvelle win ; celle acquise après avoir bourré d’espoir la FFL.

On y a cru. Pourtant, nous sommes les mieux placés pour savoir qu’il n’y a rien de pire que l’espoir dans la vie. Cette douce sensation de bonheur qui enveloppe en son sein une chute encore plus brutale. La deuxième journée du décathlon nous réserve des montagnes russes terribles. Si le 110m haies solitaire de Makenson Gletty nous fracasse le crâne une première fois, le saut à la perche de Kévin Mayer n’a absolument rien à lui envier.

Il faut être totalement perché pour sauter à 5 mètres

La mission de Mayer dans ces Championnats d’Europe est toute simple ; obtenir la qualification pour les Jeux olympiques en réalisant les minima de 8460 points. Après la première journée d’épreuves, il compte exactement la moitié des points demandés, à savoir 4230 unités. Arrive alors le concours du saut à la perche. D’ordinaire assez facile dans cette épreuve, Kévin se met à buter avec splendeur. Un premier échec à 5 mètres, puis un deuxième. S’il rate la troisième tentative, c’est un zéro pointé, et il peut faire une croix sur la qualification pour le JO lors de ces Championnats du monde. Autant vous dire qu’il ressent un chouïa de pression.

Kévin s’élance, et commet l’irréparable. Littéralement. Le Français s’envole dans le ciel romain et inflige une marge hallucinante sur la barre. Il dit bonjour aux Jeux olympiques, et nous à notre nuit blanche.

Même l’entourage de Kévin Mayer craque. Cé lé zémotions…

Dès lors, c’est la course poursuite vers le pire. Le Français termine le concours à 5,30 mètres, engrange plus de mille points, et débute le lancer du javelot avec une tentative proche des 70 mètres. Ce qui lui permet de prendre la tête provisoire du classement général. Alors même qu’il luttait encore pour une qualification olympique quelques heures plus tôt. La machine Mayer est en route et nous roule dessus.

Kévin Mayer ne sera jamais FFL-compatible

Puis survient la dernière épreuve ; le 1500 mètres. Grâce à ses performances sur les précédentes épreuves, Kévin n’a besoin que de le boucler en 4 minutes et 59 secondes. Une formalité pour l’athlète tricolore, d’autant plus que son ranking lui permet tout de même de rejoindre Paris. Mais dès que la course est lancée, on se dit qu’il reste encore un petit espoir. Kévin Mayer est en fond de peloton dès les premiers mètres, digne d’un leader français qui explose en montagne sur les routes du Tour de France. Alors peut-être ? Les secondes s’égrainent, et la barre des 4”59 se rapproche merveilleusement. Mais comme à la perche, Kévin nous assène un ultime coup de poignard. Il franchit la ligne en 4”55 dans la soirée romaine, et nous souhaite bonne nuit à sa manière.

Les minima olympiques étaient de 8460 points ; Kévin Mayer termine ces Championnats d’Europe avec 8476 unités. Seize points qui nous donnent un mal de tête terrible.

“Je n’ai jamais eu autant d’émotions. Ça fait un an que la pression de la “qualif” pour les JO est trois fois plus grande que celle d’une médaille aux Jeux… Là, je sais que si je fais un petit javelot et un petit 1500 m, je suis qualifié : ne plus avoir ce poids sur les épaules, c’est pfff…” Kévin Mayer

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