Grand Prix d’Autriche 1997. Tandis que le circuit de Spielberg fait son retour dans le calendrier de la Formule 1 après une absence de dix ans, le tracé autrichien va être le théâtre d’une lose tricolore de haut vol. À sa baguette, l’inépuisable Jean Alesi. Jamais le dernier pour porter haut et fort l’étendard français, le pilote Benetton va une nouvelle fois nous offrir un grand moment de solitude que nous chérissons tant. Mais ce jour-là, il ne sera pas le seul à faire honneur aux valeurs FFL…
Alesi, un début de saison 1997 des plus inquiétants
Au moment d’aborder le Grand-Prix d’Autriche, quatorzième épreuve de la saison, Jean Alesi comptabilise pas moins de quatre podiums. Au volant de sa Benetton, l’Avignonnais est sur la continuité de la saison précédente, où il avait décroché huit podiums en dix-huit courses. C’est donc un Jean revigoré qui débarque sur le circuit de Spielberg.
Toutefois le samedi ne se déroule pas tout à fait comme prévu pour les pilotes Benetton. Seulement 15e et 18e, Alesi et Berger pointent à plus d’une seconde du poleman. Un certain Jacques Villeneuve. S’ils s’apprêtent à vivre une course des plus pénibles, ils ne se doutent à aucun instant que ce sera encore pire que ce qu’ils pensaient.
Alesi – Irvine, une douce odeur de graviers
Dimanche 21 septembre 1997. La chaleur est insoutenable sur la grille de départ. Et comme si ça ne suffisait pas, Alesi va devoir prendre le départ derrière 14 moteurs, à 12 cylindres pour certains. Malgré cette fournaise, ça n’empêche pas le Français de prendre un départ tonitruant. Et se retrouver à la 11e position dès le troisième tour. Blotti durant une dizaine de boucles derrière Eddie Irvine, Jean Alesi parvient à prendre le meilleur sur le pilote irlandais.
Dès lors, l’Avignonnais est sur un rythme d’enfer. Relégué à plus de six secondes du pilote qui le précède, Ralf Schumacher, Alesi revient à une seconde de l’Allemand avant les arrêts aux stands. À sa sortie, le Français repart devant Irvine mais de justesse, suite à une stratégie décalée (pour ne pas dire foireuse). Le pilote Ferrari est suffisamment proche pour tenter un dépassement au même virage où Alesi avait pris le meilleur sur lui quelques tours plus tôt.
Tandis qu’Irvine tente de lui faire l’extérieur, Alesi maintient sa trajectoire à l’intérieur mais sous-vire complètement sur son adversaire jusqu’à le tasser. Le pilote Benetton roule sur la roue avant droite de l’Irlandais jusqu’à lui grimper dessus, et effectue un sublime saut dans les airs de Spielberg. Avant de retomber dans les graviers autrichiens. Fin de course pour lui. Mais la réalisation artistique en valait la peine. De son côté, Irvine abandonne le tour suivant.
À l’issue de la course, si on croit que les esprits vont s’apaiser, c’est mal connaître le tempérament des deux protagonistes. Alesi dégaine le premier.
« Irvine est un dangereux multirécidiviste » J. Alesi
Le culot ne manque pas à l’Avignonnais. Jamais. Mais la réponse de l’Irlandais ne se fait pas attendre.
« Alesi est un petit garçon émotif et capricieux » E. Irvine
Celui qui dit qui l’est.
Prost GP, autre atout de la lose française
Toutefois, à sa décharge, Jean Alesi n’a pas été le seul représentant de la lose tricolore ce jour-là. Au volant de la Prost GP, Jarno Trulli s’élance de la 3e position. Mais suite à un excellent départ, et l’abandon précoce de Häkkinen, l’Italien prend la tête de la course durant 37 tours. Tandis que Trulli creuse l’écart sur la concurrence, le moteur de la Prost perd peu à peu de sa puissance.
Et comme si ça ne suffisait pas, l’arrêt aux puits est un véritable désastre. Toute la quantité de carburant n’est pas injectée dans la voiture. Trulli va devoir rouler à l’économie. Un peu comme cet étudiant qui éteint le contact en descente pour économiser quelques gouttes d’essence. Mais la cerise sur le gâteau intervient à dix tours de l’arrivée. Tandis que le moteur de son coéquipier Nakano lâche, celui du Transalpin explose littéralement dans le même tour. Et voit le podium partir en fumée. Un coup double légendaire signé Prost GP.
Il n’y a pas à dire, ce jour-là il y avait un peu de Spielberg dans le dénouement de la course.