Devenu la bête noire de notre fédération, Julian Alaphilippe traîne pourtant un passé riche en lose. Avant de vêtir le maillot jaune sur le dernier Tour de France et d’en être la coqueluche, le puncheur français a collectionné des performances dignes du héros national Raymond Poulidor. Retour sur l’une d’entre elles, un après-midi olympique d’août 2016, sur le Fort de Copacabana.
UN DÉBUT DE SAISON 2016 POURTANT PRESQUE PARFAIT
26 juin. Dès le mois de juin, Alaphilippe décide de frapper fort. En lice pour les championnats de France sur route, il fait partie des grandissimes favoris. Mais rassurez-vous, ce n’est pas pour autant qu’il prend cela à la lettre. Après avoir montré qu’il était le coureur le plus en forme de la course en lâchant des attaques dévastatrices, il décide de ne pas suivre l’une des échappées. Manque de pot pour lui (ou pas), celle-ci s’avère victorieuse. Résultat ? Une cinquième place encourageante pour la suite.
17 juillet. Après avoir malmené les standards du cyclisme français sur ce début de Tour de France, en portant notamment le maillot blanc de meilleur jeune, Alaphilippe remet très vite l’église au milieu du village. Et le village en question se nomme Culoz. Au coude à coude avec Majka et Pantano pour la victoire lors de la quinzième étape, Julian possède quelques longueurs d’avance sur le binôme dans la descente précédant l’ascension finale. Alors que la victoire lui tend les bras, il décide de sortir de son chapeau un coup d’anthologie : le bon vieux saut de chaîne.
« J’ai déraillé plusieurs fois, la chaîne est partie du plateau et elle s’est bloquée. Je voulais que ce soit une journée particulière. Je suis vraiment déçu. » Julian Alaphilippe, interview du 17 juillet 2016)
Résultat ? Une seconde cinquième place à l’arrivée. Et ce en moins de trois semaines. Régulier.
JO 2016 : LA CONSÉCRATION
6 août. L’heure de gloire a sonné. 241 kilomètres de légende FFL. Membre de l’équipe de France, Julian est l’une des meilleures chances de médaille tricolore. Et encore une fois, il ne va pas nous décevoir. Alors qu’un groupe d’une dizaine de coureurs s’échappe à l’avant de la course, Alaphilippe produit un gros effort dans la dernière montée pour sortir du peloton, et revenir sur le groupe de tête. Lâchant par la même occasion Chris Froome. L’espoir commence alors à naître…
Mais une fois présent dans le groupe de favoris, patatras. La légende est en marche. Un moment de gênance qui n’a pourtant pas été filmé par la réalisation. Fichtre. Alors qui de mieux que le principal intéressé pour raconter ses propres exploits ?
« J’ai filé dans un arbre. Mon vélo était cassé. J’ai rallié l’arrivée avec la roue en travers. » (Julian Alaphilippe, interview du 7 août 2016)
Mais notre Julian national a quand même eu le courage de se remettre en selle afin de rallier l’arrivée. Et son abnégation a payé. Au terme d’un duel épique, Alaphilippe remporte quelques kilomètres plus tard le sprint pour la quatrième place face à Joaquim Rodriguez. Une médaille au chocolat qu’il n’aura pas volé. Histoire de rajouter encore un peu de regrets dans un puits de frustration sans fond, Julian confie après la course qu’il était pourtant dans une forme « olympique ». Sans mauvais jeu de mot.
« Plus je m’approchais de l’arrivée, mieux je me sentais. Faire quatrième après une chute comme ça, c’est quand même une satisfaction. » (Julian Alaphilippe)
Ah.
Le coude touché de Julian Alaphilippe. pic.twitter.com/k1q8FC3z7H
— A. Thomas-Commin (@a_thomas_commin) August 6, 2016
Certes Julian n’a ramené aucune médaille de Rio, mais il est reparti avec une égratignure au coude. C’est toujours ça.
La race des plus grands, c’est de pouvoir faire son autocritique dans les moments difficiles. Et Julian en fait partie. En effet, après avoir quitté la zone mixte des médias, plusieurs journalistes auraient entendu de la bouche du principal concerné une analyse d’une rare lucidité : « Encore une place de con ! ». Tout est dit.
QUAND IL N’Y EN A PLUS, IL Y EN A ENCORE…
10 août. Alaphilippe a une dernière chance de se rattraper de son tout droit de la veille. Pour cela, il doit briller sur les 55 kilomètres du contre-la-montre. Chose qu’il fera sur les 500 premiers mètres. Avant d’exploser en vol. Et de finir à plus de douze minutes du vainqueur, Fabian Cancellara. Une trente-deuxième place pour terminer son séjour brésilien, what else ?
18 septembre. Soucieux de terminer sa saison de la meilleure des manières, Julian Alaphilippe n’y va pas par quatre chemins. Une bonne vieille seconde place lors des Championnats d’Europe. Battu au sprint par un autre habitué des deuxièmes places, Peter Sagan. Une passation de pouvoir presque émouvante.