En première partie de saison 2005-2006, Lens est désespérement à la recherche d’une équipe pouvant lui offrir la défaite. À part Nantes lors de la première journée de championnat, aucune équipe française n’est parvenue à la faire perdre. Alors c’est au fin fond de l’Europe que les Lensois trouveront la paix intérieure et se repentiront avec une belle rouste entrée au Panthéon de la Lose.
Il existe plusieurs raisons pour que le nom du Steaua Bucarest vous dise quelque chose. La première, c’est que vous êtes un fan inconsidéré de la Ligue des Champions – ou plutôt de la Coupe des clubs champions – et que vous connaissez son palmarès sur le bout des doigts. Vous nous direz alors instantanément que les Roumains ont remporté l’édition 1986. Sinon, vous pouvez aussi vous souvenir de l’histoire du tapis vert du PSG en 1997. Ou bien vous êtes simplement un fan de Claudiu Keserü (mais là vous êtes juste bizarre, ou Nantais) et vous vous réjouissez de voir l’attaquant faire les beaux jours du club en première division roumaine. Et si vous êtes Lensois, c’est sûrement parce vos fesses sont encore rouges d’un soir d’octobre 2005 en Coupe UEFA.
Claudiu Keseru qui fête son retour au Steaua par un but contre le Dinamo Bucarest (6-0) !
L’histoire est belle … 🙌🏼 pic.twitter.com/f6XUEIhs7v
— MSV Foot (@MSVFoot) September 12, 2021
L’Europe à ses pieds. Enfin presque
Il faut dire qu’en cette saison 2005-2006, le Racing prend la fâcheuse habitude d’être bon. Depuis le mois de janvier, Francis Gillot a remplacé Joël Muller sur le banc nordiste et tout va pour le mieux. Avec un effectif composé à la fois de véritables grands joueurs (Alou Diarra, Seydou Keita) et de purs produits estampillés Ligue 1 (Eric Carrière, Vitorino Hilton, Benoit Assou-Ekotto, Jérôme Leroy), le RC Lens avance confiant.
Le club termine 7e de Ligue 1 et se qualifie pour la prestigieuse Coupe Intertoto. Merveilleuse compétition qui a le don d’écourter les vacances des joueurs pour aller jouer au fin fond de l’Europe début juillet. Compétition que Lens a le malheur de remporter cette année-là (avec l’OM et Hambourg). Ce qui lui permet d’obtenir un ticket pour la Coupe UEFA.
Au passage, la FFL rappelle qu’une victoire finale en Intertoto n’est absolument pas considérée comme un grand titre européen. Soyons raisonnables. Quand un tournoi a été remporté par de nombreux clubs français – dont Guingamp – il a perdu toute crédibilité.
Les Nuls, le retour
Quoiqu’il en soit, la Ligue 1 envoie pas moins 6 clubs en Coupe UEFA cette saison-là (Rennes, Strasbourg, Auxerre, Marseille, Monaco et donc Lens). Soyons clairs : aucun ne dépassera les 8es de finale. Parmi eux, le RC Lens est sûrement le plus solide. Au moment d’affronter Bucarest lors de la 1re journée, les hommes de Gillot n’ont plus perdu depuis 12 matches, toutes compétitions confondues. Surtout, ils sont sur une formidable série de 7 matches nuls consécutifs. Dommage que Les Nuls aient stoppés leur activité quelques années auparavant, le nouveau sponsor artésien aurait été tout trouvé.
Les espoirs de voir le Steaua venir à bout des Lensois sont faibles mais nous avons appris à ne jamais sous-estimer un déplacement en Coupe d’Europe. La liste des clubs français se faisant surprendre est aussi longue qu’un bras de Giannis Antetokounmpo. Et Lens s’y est fait une place ce soir-là.
Absence au rebond défensif
En moins de 20 minutes, l’affaire est déjà bouclée à 2-0. Grâce à une tête de Iacob d’abord. Ensuite, grâce à une autre de Goian, sje ur un corner où le ballon parvient à rebondir aux 6 mètres avant d’être envoyé dans les filets. Preuve d’une défense lensoise particulièrement concentrée.
Les Roumains comprennent qu’ils ont affaire à une imposture. On leur avait annoncé un cador français, ils se retrouvent à jouer contre des plots. Le milieu Gabriel Bostina, le remarque peu avant la pause lorsqu’il lance un contre avec deux Lensois à ses trousses, dont il se défait comme s’il s’agissait de vulgaires amateurs. Avant de servir Nicolae Dica qui inscrit le 3e but et s’en allait célébrer en jouant… à saute-mouton avec ses copains (3’45). L’humiliation est réelle.
Dica inscrira le quatrième et dernier but de la rencontre en seconde période pour une deuxième manche de saute-mouton (6’42). Et pour finir en beauté, Aruna Dindane parvient à se faire expulser bêtement, pour deux fautes à environ 70 mètres de son propre but. Dans notre jargon, on appelle cela : “fautes intelligentes”. 4-0 score final : il aura fallu aller jusqu’en Roumanie pour que Lens daigne nous offrir un peu de bonheur.
Cette rouste n’aura malheureusement pas le mérite de stopper l’aventure européenne des Lensois. Qualifié pour les 16e, Lens s’arrêtera à ce stade de la compétition, contre l’Udinese de Vincent Candela (3-1 au cumul). Et son invincibilité en L1 durera plus de 5 mois (entre la J2 et la J20). Au championnat, le Racing terminera 4e, à 2 points du rival lillois, 3e. Bref, une saison où l’on ne retiendra que deux choses : la place du con et la déculottée roumaine.