Il y a 35 ans, le rugby organisait sa toute première coupe du monde. Et devinez qui a été le premier finaliste vaincu ? Vous savez très bien qui. Le XV de France.
Ce projet de coupe du monde n’a pas été une mince affaire. En effet, il a fallu que le Français Albert Ferrasse, alors président de l’IRB de 1979 à 1987 (International Rugby Board), dépense une énergie folle pour que ce projet voie le jour. Albert fait partie des principaux instigateurs de la coupe du monde de rugby, le Jules Rimet du rugby quoi. Et quand on connaît la suite, il est juste succulent de savoir que c’est un Français qui est à l’origine du Mondial.
La première coupe du monde de rugby de l’histoire est organisée en 1987, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Et à l’époque, le ballon ovale n’est pas forcément connu de tous. Surtout dans l’Hexagone.
“Les All Blacks ? Ce sont des chanteurs, non ?” France Télévisions
Un début de Mondial à oublier
Opposés à l’Écosse, à la Roumanie et au Zimbabwe en phase de poules, les Bleus finissent à la première place sans surprise. Passant au passage neuf essais aux Roumains, et treize aux Zimbabwéens. Il était temps que les phases finales arrivent. Après une victoire nette face aux Fidjiens en quarts de finale (31-16), les Français affrontent les Australiens en demies. À Sydney qui plus est. Les Wallabies sont les grandissimes favoris de cette rencontre. Et confirment les pronostics en première mi-temps, en étant en tête à la pause (9-6).
Si Vezsprém a connu un trou noir durant 13 minutes en finale de la Ligue des Champions 2016 au handball, l’Australie a connu 14 minutes du même acabit. Trois essais français encaissés dès le retour des vestiaires, de la 40e à la 54e minute. Un contretemps qui met les équipes dos à dos, et ce jusqu’à la 76e minute. Car à quatre minutes du terme, l’ouvreur australien Michael Lynagh passe une pénalité libératrice pour tout un peuple, sa fédé et la nôtre. 24-21 Australie.
Alors qu’on s’approche de la sirène, Didier Camberabero choisit ce moment pour remettre les deux équipes à égalité avec une pénalité. 24-24. L’air manque cruellement à Sydney. On joue la 85e minute, le ballon ne sort toujours pas, et la légende du french flair va s’écrire sous nos yeux humides. Au terme d’une action interminable, où le ballon est volé à plusieurs reprises par chaque équipe, Serge Blanco s’en va inscrire un essai fatal au bout du bout. Et au bout du monde.
Un succès 30-24 des Bleus qui leur permet d’atteindre la première finale de la coupe du monde de rugby de l’histoire. À l’époque, l’Ovalie vient tout simplement de vivre le plus grand match de rugby de tous les temps. On aurait préféré un autre exploit comme entrée en matière dans cette compétition.
Le résumé de la finale Nouvelle-Zélande – XV de France
Samedi 20 juin 1987, 15h00. Le mythique Eden Park d’Auckland accueille la toute première finale. Et pour cette première, les Bleus vont voir les choses en grand. Les Français entament parfaitement ce match historique en s’effondrant les premiers. Un essai encaissé dès la 17e minute de jeu, pour aucun point inscrit. Et c’est un 9-0 au moment de rentrer aux vestiaires.
Lors de la reprise, les Tricolores passent une pénalité et reviennent à 9-3. Les All Blacks sont sous la menace d’un essai transformé. Moment choisi par la France pour démontrer aux yeux du monde entier qu’elle n’est pas arrivée en finale par hasard. Deux essais néo-zélandais subis en l’espace de trois petites minutes, et ce sont les espoirs de remontée qui partent en fumée dans le ciel d’Auckland.
Avec quelques pénalités de Grant Fox pour parsemer le tout, le score gonfle jusqu’à 29-3. Les Blacks monopolisent le ballon, atteignant 75% de possession. Les Bleus, eux, n’ont pas l’air de bouder leur plaisir. Mais il faut un essai de Pierre Berbizier à deux minutes du terme pour gâcher la fête, et sauver malheureusement l’honneur. Le mauvais perdant par excellence. La Nouvelle-Zélande remporte néanmoins cette finale 29-9, et devient officiellement la première nation championne du monde. La France ? Officiellement le premier pays à avoir perdu une finale de coupe du monde de rugby.
Un après-match tout aussi exquis
Au moment de monter en tribunes pour célébrer cette victoire historique, le capitaine des Blacks David Kirk se voit remettre le trophée. Par qui ? Albert Ferrasse en personne. Accorder une partie de sa vie pour mettre en place la coupe du monde, et voir son pays perdre la première finale. La boucle est bouclée pour Albert. Cette détresse dans le regard.
Bien sûr, une telle défaite ne pouvait pas voir le jour sans son lot d’excuses. Et très vite, on commence à sortir un prétexte irréfutable. Le XV de France a laissé trop d’énergie dans sa demi-finale face aux Australiens. Une semaine plus tôt. C’est bien connu.
Les All Blacks vont devoir attendre 24 ans pour devenir à nouveau champions du monde en 2011, dans ce même Eden Park. Leurs adversaires ? Les Français bien évidemment.