Coupe UEFA. Saison 1994-1995. Un an tout juste après le sacre de l’OM, un sombre soir de mai 93 face au Milan AC, le club marseillais reprend très vite des couleurs. Oubliez les larmes de joie de Basile Boli ou le sourire éternel de Deschamps la coupe au bout des mains. Laissez plutôt place à une immense double confrontation, contre le non mois immense FC Sion. Et une quasi-remontada entrée dans l’Histoire.
Les Marseillais débutent la décennie 90 de la plus belle des manières ; une élimination en demi-finale de la Coupe des Clubs Champions 1990 face au Benfica Lisbonne par la « Main du Diable », et son illustre auteur angolais Vata Matanu Garcia. L’année suivante, les Olympiens se hissent enfin en finale de la C1, face à l’Étoile Rouge de Belgrade. Et c’est cette fois un des leurs, Manu Amoros, qui permet au football français de respirer un grand coup. Un pénalty plus tard envoyé dans l’axe, et c’est une nouvelle désillusion pour le peuple marseillais.
Mais deux ans après, patatra. Sur un malentendu de corner, Basile Boli vient crucifier une FFL qui n’existait pas encore. Et heureusement peut-être. L’OM est sur le toit de l’Europe. Puis vient l’histoire que vous connaissez tous. Un petit billet glissé à Valenciennes, une rétrogradation en D2 après avoir été vice-champion de France. Et le début d’une période dépressive pour tous les supporters de l’OM.
Alors en cette saison 1994-1995, outre le long chemin ennuyeux en deuxième division, c’est surtout le parcours de Marseille en Coupe UEFA qui galvanise ses fans. Et pour le coup, il sera plein de rebondissements.
Les Marseillais pris dans le Tourbillon suisse
La campagne européenne débute par les 32e de finale, et une double opposition face à l’Olympiakos. Dans ce derby de Phocéens, l’OM assume rapidement son statut de favori. Une première victoire 2-1 en Grèce, puis une promenade 3-0 au Vélodrome. Au tour suivant, les Français doivent se défaire d’un autre outsider du dimanche : le Football Club de Sion.
Vice-champion de Suisse l’année précédente, les Helvètes en imposent. Et dans leur Stade de Tourbillon (zéro vanne), les 15 000 spectateurs prouvent que le voisin suisse n’est pas toujours neutre. Le match aller est âpre, disputé, mais sur la pelouse il n’y a qu’une seule équipe : les Rouge et Blanc. Les Olympiens résistent tant bien que mal durant les 20 premières minutes, mais sur une touche anodine, Roberto Assis décide de mystifier la défense de l’OM. Le milieu de terrain brésilien se permet de réaliser un coup du sombrero dans la surface marseillaise, et de décaler Raphael Wicky qui trompe Fabien Barthez. 1-0.
Puis juste avant la pause, les Suisses jugent opportun d’enfoncer le clou. Sur un nouveau festival de ce dingue de Assis, qui se défait cette fois de la pression olympienne par un double contact d’école, Adrian Kunz se retrouve absolument seul à la réception du centre. 2-0. Score final.
Le résumé de la quasi-remontada OM – Sion
Deux semaines plus tard, le match retour s’annonce d’ores et déjà épique. Les joueurs de l’Olympique de Marseille sont prévenus ; ils devront s’imposer par deux buts d’écart pour espérer se qualifier. Trois s’ils encaissent un ou plusieurs buts. Les supporters phocéens n’en demandent pas tant. Tous les ingrédients sont réunis pour voir une flopée de buts. Et ils ne se trompent pas. Il ne faut que cinq petites minutes pour assister à l’ouverture du score. Sur un ballon en cloche anodin, Fabien Barthez va pour le capter, Bernard Casoni pour le dégager. Une mésentente qui les fait se télescoper, alors qu’ils ne sont absolument pas sous pression. Kunz ne se fait pas prier et n’a qu’à pousser le ballon au fond des filets. Il n’aura jamais fait aussi froid sur Marseille.
Il faut attendre la seconde période pour voir une première réaction marseillaise. Sur un centre de Marcel Dib, l’attaquant vedette de l’OM Tony Cascarino perd le duel aérien, mais Marc Libbra suit bien l’action et égalise d’une demi-volée croisée. Une seconde intervient juste après l’heure de jeu. Les Marseillais commencent à la jouer joga bonito. Marc Libbra encore lui sert à l’aveugle Jean-Marc Ferreri. Crochet extérieur, petit filet. Ce diable de Ferreri aurait certainement eu sa place dans une chanson de Vegedream. 3-1.
Il reste plus d’un quart d’heure à l’OM pour inscrire le but de la qualif, synonyme d’exploit. En vain. Marseille se surpasse en fin de match, mais trépasse. Un come-back pour rien. Une des premières presqu’remontadas du football français en Coupe d’Europe.
Comme lot de consolation à cette désillusion, l’OM remporte le titre de D2 en fin de saison. Mais au moment de s’imaginer à nouveau dans l’élite, les Marseillais font face à un dépôt de bilan. Et apprennent qu’ils devront rester une saison supplémentaire en deuxième division.
À jamais les premiers à remettre en jeu son titre de D2 dès l’année suivante.