Badminton | Zéro vainqueur dans une finale franco-française.


Lucas Claerbout - Arnaud Merkle

Ce qui va suivre risque de heurter la sensibilité des amoureux de la première heure des succès français. Cependant si vous faites partie de ceux qui estiment que les grands sacres tricolores ont une saveur amère, alors le badminton va être un allié de taille. Lors de la finale du simple masculin du Syed Modi International, les planètes vont définitivement s’aligner.

Si le badminton et le tennis de table se jouent tous les deux avec une raquette, ils ont avant tout en commun une chose ; être dans l’ombre du tennis depuis la nuit des temps. Mais quand une giga lose atterrit sur la planète badminton, il faut parfois s’avouer vaincu et présenter les artistes.

Ces derniers se nomment Lucas Claerbout et Arnaud Merkle. Tandis que le premier est le 7e badiste français au classement, Arnaud Merkle est lui le numéro 2 français. Malgré leurs bonnes performances en ce début d’année, l’impensable va frapper la Fédération Française de Badminton. Et toquer par la même occasion à la porte de notre fédé.

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Le badminton français sur les pas de l’Open d’Australie

Inscrits au Syed Modi International en Inde, une des compétitions les plus prestigieuses, Lucas Claerbout et Arnaud Merkle sont les seuls représentants de la France sur ce tournoi. Mais très vite on comprend que le scénario de l’Open d’Australie 2022 est en train de récidiver. Si les Bleus ont généralement l’habitude de tomber comme des mouches dès les premiers tours de Grands Chelems, le Syed Modi International ne va pas leur résister.

Dès les seizièmes de finale, le décor est planté. Claerbout et Merkle se qualifient aisément en deux sets gagnants. La suite ? Une copie conforme en huitièmes et en quarts de finale pour les deux Tricolores. Demi-finalistes sans avoir perdu un seul set. Claerbout et Merkle commencent rapidement à prendre l’apparence d’un caillou dans notre chaussure. Et ce qu’on craignait arriva. Opposé à l’Indien Mithun Manjunath, Arnaud Merkle bataille avec le local de l’épreuve lors des premiers sets, avant de l’atomiser dans le dernier (21-19, 17-21, 21-9).

On retient notre souffle. On ne veut pas voir ce qui pourrait se produire, on préfère se mentir à nous-mêmes. Il ne peut pas y avoir deux Français en finale d’un tournoi de raquettes. C’est écrit dans le règlement du badminton. Alors quand Lucas Claerbout entre dans la salle, il voit se profiler face à lui l’Irlandais Nhat Nguyen, champion d’Europe junior en 2016. Ce soulagement à l’annonce de son palmarès se traduit par un petit frisson le long de notre échine. Et le premier set va très vite confirmer notre ressenti ; l’Irlandais s‘impose 21-15.

D’ordinaire, le Français en face râle sur l’arbitre et regarde ses chaussettes entre chaque changement de côté. Mais avec Claerbout, on se rend compte que quelque chose cloche. Le Tricolore ne craque pas. Pire, il remonte au score, remporte les deux manches suivantes et cette demie par la même occasion. Un jour d’infamie.

Le résumé du « match » Claerbout – Merkle

Dans l’histoire du badminton, jamais la finale d’un tournoi si prestigieux n’a réuni deux badistes français. Une première dont on se serait volontiers passé. Alors que la finale entre les deux joueurs français devait avoir lieu à 10h20 en ce dimanche 23 janvier, patatra. Arnaud Merkle est déclaré positif au Covid. Une petite lose quand on connaît la suite.

Car si on y regarde de plus près, cela ne change sensiblement pas grand-chose pour nous. Un Français va tout de même soulever le trophée du tournoi. Oui. Mais non. C’est sous-estimer le destin qui a décidé de placer Lucas Claerbout dans la même chambre que son compatriote. Résultat des courses ce dernier est déclaré cas contact. Et donc lui aussi exclu du tournoi.

 

Et l’improbable va se réaliser. Faute de joueurs, les organisateurs décident donc d’annuler la finale. Jamais un tel événement n’avait vu le jour dans l’histoire du badminton. Et dans le sport tout court. Bien évidemment écrite de la main de deux Français. Le trophée du Syed Modi International reste donc dans sa boîte. Après s’être montrés historiques en atteignant tous les deux la finale du tournoi, Claerbout et Merkle réalisent un tour de force que personne n’avait vu venir.

Même pas eux.