Baseball | Bobby Bonilla ou le contrat du siècle


Tous les 1er juillet en France, nous fêtons la Saint Thierry. Au Canada, on fête la journée qui commémore la date de formation du Pays. Aux États-Unis, c’est un peu plus original. Ils réservent cette journée pour commémorer le “Bobby Bonilla Day”. On ne dirait pas comme ça, mais l’explication de cette presqu’fête nationale dépasse l’entendement de tout être humain.

Bobby Bonilla, une retraite dorée

Bobby Bonilla est un ancien joueur de baseball, évoluant au poste de voltigeur, dont la carrière s’est étendue de 1986 à 2001. Seize saisons durant lesquelles il a notamment remporté le titre en 1997 avec les Marlins de Floride. Mais Bobby n’est pas un joueur parmi tant d’autres, car de 1992 à 1994, il est tout simplement le joueur le mieux payé de la Ligue lorsqu’il porte les couleurs des Mets de New York (6 millions de dollars par an).

Après son sacre avec les Marlins, Bonilla effectue la saison 1998 avec les Dodgers de Los Angeles. Puis, en 1999, il décide de revenir aux Mets. Le début d’une histoire complètement dingue. En effet, la saison de Bobby n’est pas folichonne, le bougre commençant à prendre de l’âge (36 ans). Alors au début de l’année 2000, les dirigeants des Mets sont traversés par une idée de génie ; se séparer du double B. Le concept a l’air tentant à première vue, mais l’équipe de New York lui doit encore 5,9 millions de dollars.

Toutefois, les Mets ne veulent pas s’acquitter de la somme illico presto. Et c’est justement à ce moment précis que les têtes pensantes new-yorkaises vont graver leurs noms dans la postérité. En effet, ces derniers décident d’opter pour un contrat en différé. Ce concept ayant pour but d’étaler le salaire d’un joueur sur une (très) longue durée, moyennant une compensation financière. Sauf que la durée ET la compensation frisent le ridicule dans cette histoire.

“The best dealmaker of all time”, “The GOAT of contract negotiations”

Au moment d’aborder les négociations avec les New York Mets, Bobby Bonilla et son agent Dennis Gilbert ont compris qu’ils pouvaient empocher le jackpot. Et leur instinct ne les a pas trompés. En effet, le duo parvient à obtenir une compensation de zinzin ; un versement de 1 193 248,20 dollars et 20 centimes tous les ans le 1er juillet, et ce de 2011 à 2035. Soit 8 % d’intérêts annuels, pour un total de 29,8 millions de dollars, au lieu des 5,9 millions initiaux. Soit presque 5 fois le montant du contrat de base. Qui peut s’asseoir à la table des Mets et affirmer être de meilleurs négociateurs qu’eux ? Qui ?

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Le contrat est si légendaire qu’il a été vendu 180 000 dollars aux enchères en 2022. Seulement deux mois de salaire de Bonilla depuis qu’il est à la retraite toutefois.

La somme versée à Bonilla n’est pas faramineuse dans le baseball, où les récents contrats se concluent pour plusieurs centaines de millions de dollars. Mais elle est abyssale pour un joueur ayant pris sa retraite… en 2001. À titre d’exemple, ce salaire lui permet de gagner plus que la moitié des joueurs actuels de la ligue, tout en restant dans son canapé.

Alors bien évidemment, on se pose tous la question suivante: quel est le génie chez les Mets qui a validé ce deal abominable? Son nom est Fred Wilpon. Le propriétaire de l’époque, fin financier, pensait largement compenser cette rupture de contrat avec un juteux investissement réalisé en parallèle. Problème, on parle ici du fameux système de Bernard Madoff, qui lui promettait des rendements à deux chiffres. Bon, ça n’a pas vraiment marché. Englué dans l’arnaque de l’escroc, il perdra près de 700 millions de dollars dans l’histoire. Décidément, ce Fred possède un flair incontestable pour les affaires.

Aujourd’hui encore, le “Bobby Bonilla Day” provoque une hype monstrueuse aux États-Unis. Les dirigeants des Mets en personne préfèrent en rire.

Et le propriétaire actuel lui-même participe à la fête. On est peut-être mauvais en affaires chez les Mets, mais pas rancuniers en tout cas. Sublime.

Ce contrat, mieux connu sous le nom de “pire contrat de l’histoire du sport”, ou encore “saint patron des plus mauvais contrats“, connaît une renommée amplement méritée. Le dernier versement est prévu le 1er juillet 2035, Bobby Bonilla aura alors 73 ans.

Happy “Bobby Bonilla Day” à tous !


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