Pastor Maldonado restera à jamais comme l’une des plus grandes énigmes de l’histoire de la Formule 1. Premier surpris par sa victoire à Barcelone en 2012, il n’a pourtant jamais tourné le dos à ses valeurs. Un mix entre accrochages et pénalités. Comme lors du GP de Hongrie 2015.
Quand on prononce le nom de Pastor Maldonado, deux images nous viennent à l’esprit de manière instinctive. La première: sa victoire lors du GP de Barcelone 2012, aussi prévisible que le sacre de la Grèce lors de l’Euro 2004. La seconde image, c’est la ribambelle de crashs effectués au volant de ses monoplaces. Mais un autre aspect de son pilotage est trop souvent méconnu du grand public ; son goût (très) prononcé pour les pénalités.
Lors de la saison 2014, le Vénézuélien réalise un exploit au volant de sa Lotus. En effet, il parvient à obtenir plus de pénalités que de points. Ses deux petites unités au compteur font pâle figure face aux dix pénalités reçues durant toute la saison. Alors au moment d’aborder sa deuxième saison chez Lotus F1 Team en 2015, inutile de vous dire que Pastor est surmotivé. Il ne le sait pas encore, mais il s’agira également de sa dernière saison en Formule 1. Et pour cause.
Un début de saison maldonadesque
Lors de la trêve hivernale, les espoirs sont très grands du côté de Lotus. En effet, l’écurie n’est plus motorisée par Renault, mais par Mercedes. Ce changement injecte une dose d’espoir infinie en intraveineuse à tous les supporters de Lotus. D’autant plus que lors des essais à Barcelone, Maldonado signe en personne le meilleur temps de la première journée. Et récidive 48 heures plus tard lors de la troisième journée d’essais. Alors peut-être.
Le début de saison remet toutefois l’église au milieu du village, et Maldonado au fond de la grille. Le pilote Lotus abandonne lors de ses trois premières courses, et récolte la bagatelle de zéro point lors des six premiers Grands Prix de la saison. Mieux, Pastor accroche Grosjean, son propre coéquipier, à Barcelone et lors du premier tour de Silverstone. Personne n’aurait imaginé une seule seconde que Lotus signerait un doublé probant à Silverstone.
Coller le numéro 13 sur sa voiture n’était peut-être pas la meilleure idée de Pastor. Avec lui, on a l’impression que toutes ses courses ont lieu un vendredi.
GP de Hongrie, le sacre de Pastor
Après son coup de génie lors du départ de Silverstone, Maldonado et la F1 posent leurs valises en Hongrie. Après avoir vécu un tel incident en Angleterre, on pourrait penser que la prudence soit de mise sur le Hungaroring. Mais c’est mal connaître le Vénézuélien, qui a hérité d’un nouveau surnom : Crashtor Maldonado.
Si tous les pilotes chaussent des pneus tendres au départ, un seul d’entre eux prend à contrepied tous ses rivaux en choisissant des pneus médiums. Son nom ? Maldonado bien sûr. En partant de la 14e position, ce dernier mise tout sur une stratégie à un arrêt. Mais c’était trop vite oublier que Sergio Perez part à ses côtés. Une 7e ligne t’as peur.
Pourtant, tout se passe bien lors de l’extinction des feux, nous sommes vraiment des mauvaises langues. Du moins, avant ce fameux 19e tour. Sergio Perez sort des stands juste derrière Maldonado, qui lui ne s’est toujours pas arrêté. Le Mexicain essaye de lui faire l’extérieur au premier virage, mais Pastor a la flemme de perdre une nouvelle position. Alors il le tasse et lui donne un coup de roue, Perez part en tête-à-queue dans le décor. Maldonado subit sa première pénalité de la journée ; un drive through. Mais pas sa dernière.
Maldonado, un record qui fait toujours date
Au moment où Pastor apprend qu’il doit effectuer un passage aux stands, l’écurie Lotus se dit qu’il s’agit du moment opportun pour s’occuper du sort de Grosjean. Son équipe le relâche trop vite dans la voie des stands, à deux doigts de rentrer dans un autre pilote. Le Français écope de cinq secondes de pénalité. Lotus, ce petit frère de la Scuderia.
Mais le Vénézuélien ne veut pas qu’on lui vole la vedette. Au 60e tour, il écope d’un nouveau drive-through pour avoir dépassé la vitesse autorisée dans la voie des stands. On ne s’en lasse pas. Vous croyez sincèrement que Maldonado va s’en contenter ? Huit tours plus tard, le voici qui reçoit une troisième pénalité, cette fois-ci de 10 secondes. La raison ? Pastor a dépassé le pilote Manor Will Stevens sous le régime de la voiture de sécurité.
Trois pénalités reçues lors d’une seule et même course de F1, jamais aucun pilote n’était parvenu à réaliser un tel chef-d’œuvre. Maldonado finit sa course 14e, avec le sentiment du devoir accompli. Histoire de foutre en l’air son dernier espoir de poursuivre son aventure en F1 l’année suivante, Crashtor pulvérise sa Lotus dès la course d’après, à Spa. Mais toujours avec style.
2015, la consécration de Maldonado
Avec 9 abandons en 18 courses, et un 16-2 subi en qualifs face à Grosjean, le niveau de Pastor au cours de la saison 2015 est tel qu’il est remercié. Alors pour célébrer cette nouvelle, il ne manque pas de terminer son aventure en F1 par un énième abandon dès le premier tour pour sa dernière course. Maldonado est un pilote qui ne laisse rien au hasard.
Mais le Vénézuélien ne quitte pas la Formule 1 sans laisser un lourd héritage derrière lui. En effet, il occupe la première place d’un classement élogieux. Celui d’avoir écopé le plus grand nombre de pénalités depuis ses débuts en 2011. Avec 29 sanctions en cinq saisons, personne ne fait mieux que le Vénézuélien. Ni même Romain Grosjean, qui occupe “seulement” la deuxième place avec 13 pénalités. Autant vous dire que Romain nous déçoit grandement, à deux doigts de parler d’un franco-suisse.
Toutefois, on ne pouvait pas se quitter sans ce fabuleux remix qui rend hommage à ce duo de pilotes unique.