À l’occasion de la sortie de son affiche du Panthéon de la Lose, la FFL te propose de revivre les plus grandes désillusions du football français en Europe ou même dans le Monde.
Coupe des clubs champions 1991. Qualifiés en finale de la compétition, les Marseillais ont joué au feu. À un péno d’Amoros d’être radiés définitivement de notre fédé. Malheureusement, tout ceci ne fut qu’une question de temps. Mais replongeons ensemble dans la liesse barésienne, qui vit ce soir-là la finale « la plus moche » de l’histoire.
La main de Vata encore dans toutes les têtes
L’OM aborde cette saison 1990-1991 le cœur meurtri. La main du Diable, comme elle a été nommée, perturbe les nuits de tous les Phocéens. L’OM reste en effet sur une élimination en demi-finales de la Coupe des Clubs Champions face au Benfica Lisbonne. Vainqueurs 2-1 au Vélodrome, les Marseillais tiennent le score vierge au retour jusqu’à cette fameuse 83e minute. Le corner de Valdo trouve la moufle droite de Vata Matanu Garcia. La mano de Dios du pauvre.
Mais le pire dans tout ça, c’est que le héros Angolais n’admet rien. Et nie tout en bloc : « Je n’ai pas marqué avec la main. J’ai marqué de l’épaule, j’ai la conscience tranquille ». Le deuil des Olympiens ne peut même pas être effectué. C’est donc dans cet état d’esprit de revanche acerbe que les joueurs de l’OM disputent la nouvelle campagne européenne la saison suivante. Avec pour seul leitmotiv : plus jamais ça.
Le Milan AC plongé dans le noir
La Coupe des Clubs Champions 1991 débute comme une promenade de santé pour l’OM. Toutefois les Phocéens affrontent le grand Milan AC en quarts, double vainqueur en titre de la compétition. Mais c’est bien connu, les Marseillais ne craignent dégun. Alors quand il faut affronter les Rossoneri à San Siro, les joueurs de Raymond Goethals surprennent tout leur monde en ramenant un match nul 1-1 à la Canebière. Le meilleur match de l’OM sous l’ère Tapie disent certains.
Tandis que tout reste à faire au match retour, les Olympiens sont galvanisés et mènent 1-0 jusqu’à la 88e minute. Si lors des dernières minutes du match à Lisbonne les espoirs de l’OM s’étaient éteints, cette fois-ci c’est carrément l’éclairage du Vélodrome qui s’estompe. Toujours bon joueur, Berlusconi refuse de reprendre le match et souhaite le rejouer. Mais c’est un forfait qui attend Il Cavaliere. L’OM est en demies. Puis en finale après avoir corrigé 5-2 le Spartak Moscou.
Le résumé du match OM – Étoile Rouge de Belgrade
Un an après avoir terminé leur parcours au Stade de la Luz, les Marseillais se rendent dans l’immense Stadio San Nicola de Bari. 60 000 spectateurs pour assister à l’une des finales les plus rageantes, ou excitantes selon le point de vue, de l’histoire du football français. L’OM est opposé à l’Étoile Rouge de Belgrade, pour qui il s’agit également de leur première finale de C1. Marseille fait figure d’immense favori dans ce match, et le prouve sur le terrain. Les Yougoslaves ne touchent pas la canette. Les Marseillais sentent bien qu’ils vont devenir les premiers vainqueurs français de la C1. Lol.
« En étudiant le jeu de l’OM, j’avais réalisé qu’on ne pouvait pas les battre. J’ai donc dit à mes joueurs de se montrer patients et d’essayer d’atteindre les tirs au but » L. Petrovic (So Foot)
Les Phocéens l’ignorent, mais ils réalisent à merveille le plan prévu par Ljupko Petrovic, le coach de l’Étoile Rouge. Dès lors, tous les choix de ce dernier vont être décidés pour atteindre ce Graal. Jusqu’à entraîner ses joueurs à tirer des pénaltys la veille du match. Sur le plan tactique, la logique de Petrovic suit son cours : jeu cadenassé, haché par les fautes incessantes, marquage à la culotte. La bonne vieille rigueur des pays de l’Est.
Manu Amoros, héros malgré lui
Les deux équipes sont dos à dos durant 120 minutes. Et comme l’avait prédit le druide Petrovic, ce sont les tirs au but qui vont départager Français et Yougoslaves. Manu Amoros se dirige vers le point de pénalty. En toute logique, c’est celui qui se sent le plus en confiance qui s’en charge en premier pour mettre ses coéquipiers sur les bons rails. En toute logique, oui. Car Amoros s’écroule. Le natif de Nîmes recule de 10 bons mètres (première grave erreur), s’élance tel un boulet de canon (seconde boulette) pour envoyer une passe en guise de tir. Qui plus est en plein axe. Et mercé.
Darko Pancev ne se fait pas prier pour inscrire le dernier péno, et renvoyer l’OM dans ses vieux démons. Un an après la main de Vata, c’est le pied d’Amoros qui empêche l’OM de soulever la Coupe aux grandes oreilles. L’OM et la C1, une histoire d’anatomie avant tout.
Comme le titre le journal L’Équipe le lendemain, le rêve est brisé. Les larmes de Basile Boli restent et resteront éternelles. Même s’il les sèchera deux ans plus tard face au Milan AC, nous préférons, et de loin, celles-ci. Pour cette 100e finale de Coupe d’Europe, il aurait été difficile de réclamer un meilleur scénario. Le mot de la fin revient naturellement à Sinisa Mihajlovic, un des onze briseurs de rêves marseillais.
« Selon moi, ça a été la finale la plus moche de l’histoire de la Coupe des champions » S. Mihajlovic (So Foot)
Et on ne peut pas lui donner tort. Mais au vu du résultat, on prend.