Championnat du monde de Biathlon 2013. Si Martin Fourcade domine outrageusement les manches de Coupe du Monde, figurant à la première place du classement général, les Mondiaux de Nove Mesto sont une autre paire de moufle. Le point culminant ? Sans aucun doute la poursuite masculine et le duel avec son dauphin au général : un certain Emil Svendsen…
Fourcade termine la saison 2013 avec 1248 points au classement général de la Coupe du Monde. Reléguant le second à plus de 400 points. Il s’adjuge son deuxième gros globe de cristal d’affilée, ainsi que des quatre petits globes de la spécialité. Son premier « Grand Chelem » en carrière.
C’est tout logiquement qu’il arrive en grandissime favori des 51e Championnats du Monde à Nove Mesto, en République Tchèque. Et dès son entrée en matière, Fourcade décroche une première médaille d’argent lors du relais mixte. Mais deux jours plus tard, le premier couac fait son apparition. Le catalan termine second du sprint de 10 kilomètres derrière Emil Svendsen. Pour 8 petites secondes. Martin l’a mauvaise. Et il annonce clairement la couleur pour la poursuite du lendemain.
« La poursuite c’est ma course favorite » M. Fourcade
Histoire de se rajouter encore un peu de pression.
Fourcade rate l’or pour un trombone
Pour son deuxième jour de course, Fourcade a le regard du tueur. Et dès le départ de la course, les deux hommes se livrent un mano a mano d’anthologie. Sauf que Martin commet deux fautes au tir dès le début. De quoi amputer sa course. Mais Fourcade ne lâche rien, et continue à y croire. Arrive alors le dernier tir. Svendsen entend le souffle de Fourcade dans son oreille, revenu comme une balle sur les skis. Il n’en faut pas plus pour provoquer une faute chez le Norvégien.
Les deux hommes quittent le pas de tir. Svendsen n’a plus que 50 mètres d’avance sur Fourcade. Écart que le Français va combler en moins de dix secondes. Martin est en fusion. Il se remémore certainement sa défaite de la veille et ces huit petites secondes de concédées. Sur le dernier faux-plat montant, Fourcade lâche une ultime accélération. Svendsen est légèrement largué.
Fourcade aborde en leader la dernière ligne droite. Qu’il décide de la jouer à la française. Derrière, le bon vieil Emil lance son sprint et surprend Martin. Les deux sont aux coude-à-coude et lancent leurs skis sur la ligne d’arrivée. Personne ne sait encore qui est champion du monde. La décision officielle tarde à tomber. Puis le nom de Svendsen est annoncé. Pour un dixième de seconde. Soit 2,4 cm selon la photo finish. L’équivalent d’un trombone. Martin Fourcade reste allongé derrière la ligne d’arrivée, la tête dans la neige. Abasourdi.
Refuser d’apprendre, la marque des (très) Grands
« Quand à 300 mètres de l’arrivée, Martin a eu cinq mètres d’avance sur moi, je pensais que c’était fini » E. Svendsen
Oui mais devant, il s’agissait d’un français Emil. De son côté, Fourcade ne réalise toujours pas.
« J’ai eu la faiblesse de croire que j’avais gagné » M. Fourcade
En ce dimanche 10 février 2013, Fourcade ne s’est sûrement jamais senti aussi français. Une troisième place de second en autant de courses et une performance poulidoresque à la clef. Alors Martin décide de voir le verre à moitié plein, et plonge dans un optimisme déraisonné.
« Ça me servira de leçon pour l’avenir » M. Fourcade
Oui mais voilà. Les Mondiaux de Nove Mesto sont à peine terminés, que le microcosme du biathlon fait escale à Oslo-Holmenkollen pour le grand retour des manches de Coupe du Monde. Nous sommes le 28 février, soit moins de trois semaines après l’exploit retentissant de la poursuite. En l’absence de Svendsen, tous les observateurs annoncent d’emblée que Fourcade va réaliser une razzia lors de ce week-end norvégien. Pour la première épreuve, les biathlètes vont devoir se départager sur le sprint. La hantise des 8 secondes concédées sur Svendsen paraît bien loin. Mais un traumatisme peut en cacher un autre.
Fourcade termine l’épreuve à la deuxième place. Encore. Mais ce n’est pas tout. Outre le fait d’avoir une nouvelle fois été battu par un norvégien, en la personne de Tarjei Boe, Martin rate la première place pour…un dixième de seconde. 25’44″05 pour Boe, quand Fourcade termine en 25’44″15. Les mots manquent.
Rendez-nous s’il vous plaît cette époque où Martin Fourcade ne devenait pas champion olympique affalé dans son canapé, une bière à la main.