L’Open d’Australie bat son plein en ce moment. L’occasion pour nous de revenir sur un match de légende. Nous sommes en janvier 2006, l’Équipe de France de foot n’a pas encore perdu la finale de la Coupe du Monde. Mais un français va idéalement lancer la saison dithyrambique qui attend le peuple Tricolore : Fabrice Santoro. Opposé à David Nalbandian, Santoro va nous faire le show, avant de prendre un gros coup de chaud.
Il n’y a pas à dire, Fabrice Santoro était le chouchou des courts dans le monde entier. Un style de jeu des années 70, une technique atypique avec son fameux coup droit à deux mains version Marion Bartoli. Et une communion avec le public qui adorait voir le « petit français » se mesurer aux maestros de son époque.
La notion d’époque est d’ailleurs relative chez Fabrice. Une longévité tout bonnement incroyable, qui lui vaut de détenir un record encore aujourd’hui ; celui d’avoir disputé un tournoi du Grand Chelem sur quatre décennies. En effet de 1989 à 2010, le français a voyagé les quatre coins du court des quatre coins du monde. Une prouesse porte d’ailleurs toujours son nom : il est le seul tennisman de l’histoire à avoir figuré dans le Top 100 pendant 13 années consécutives sans jamais avoir atteint une seule fois le Top 10. Fabulous Fab’.
Tous les numéros un mondiaux se battaient pour obtenir la reconnaissance de Santoro. À commencer par Marat Safin, pour qui Fabrice était tout simplement sa bête noire.
« Tout le monde peut battre Fabrice Santoro. Tout le monde, sauf moi » M. Safin
Et ce n’est pas Pete Sampras, 14 Grand Chelem à son palmarès, qui va déroger à la règle. L’américain va jusqu’à baptiser le français le « Magicien ». Le bougre, il a osé.
Un début de tournoi digne d’un « Magicien »
Santoro aborde l’Open d’Australie 2006 sans aucune pression. 65e joueur mondial, 33 ans et plus rien à foutre. Le français passe sans encombre les deux premiers tours, avant d’affronter le numéro 10 mondial Gaston Gaudio au tour suivant. Vainqueur de Roland-Garros deux ans plus tôt, l’argentin est rapidement mené deux sets zéro par le Magicien. Comme souvent dans ces cas-là, le match se termine en 5 sets. Mais contre toute attente, Santoro sort vainqueur de ce combat de près de 4 heures dans la fournaise australienne.
C’est donc un Fabrice lessivé qui affronte le 11e joueur mondial, David Ferrer, en huitièmes. Et en trois petits sets l’affaire est conclue… par Fabulous Fab’ ! Incroyable. Le Magicien fond en larmes. Après 18 ans de carrière et 54 participations à un tournoi du Grand Chelem, c’est la toute première fois qu’il atteint un quart de finale.
« Je n’avais pas le potentiel pour être N°1 mondial, je me bats avec mes armes depuis toujours. Ça fait très longtemps que j’attends ça. C’est chose faite à la 54e tentative » F. Santoro
Si Santoro atteint pour la première fois de sa carrière les quarts de finale, il le doit à la modification de son jeu. Désormais bien plus offensif en montant au filet.
« Au cours des 10 premières années de ma carrière, je jouais très défensivement. Maintenant je sais ce que je peux faire » F. Santoro
Le Magicien annonce la couleur. Mais jusqu’où ira la tornade Santoro ?
Santoro le showman
Mardi 24 janvier 2006. Fabulous Fab’ vit un rêve éveillé. Le français veut profiter à fond de ce qui sera son premier et dernier quart de finale de Grand Chelem de sa vie. Alors pour kiffer un max, il décide de faire le show face à Nalbandian sur le court de la Rod Laver Arena. Lobs, amortis filous, volées rétro revenant sur son court. Un jeu du chat et la souris qui dure un set. Et où les deux hommes se rendent coup pour coup. Manche bien évidemment remportée par l’argentin 7-5. La suite de la rencontre ? La fin du show, et le retour des bases tricolores.
Ce qui s’apparentait à un échange de coups originaux et absurdes dans le premier set, va se transformer peu à peu en séance de punching-ball depuis le fond du court. Nalbandian n’est pas un tendre, pas de ceux qui grattent la balle pour qu’elle se loge derrière le filet. Non, le sud-américain est du genre bourrin. Des frapasses du fond du court qui font galoper le plus tout jeune Santoro. Nalbandian ne se fait pas intimider par les 53 montées au filet du français. Persévérant dans son style de jeu ultra-offensif, le Magicien ne peut empêcher les inombrables passing-shots et lobs de l’argentin. Digne de Llodra face à Troicki en finale de Coupe Davis 2010.
Résultat : deux bulles 6-0 6-0. 90 points à 50 pour Nalbandian. Près du double. Face à la tête de série n° 4, 1 heure et 41 minutes auront suffi à Fabulous Fab’ pour se faire éjecter de l’Open d’Australie.
Mais le « Magicien » aura réalisé son rêve : jouer le mercredi de la deuxième semaine en Grand Chelem. Un lointain rêve dorénavant pour le contingent tricolore.