Leicester – Aston Villa 1976 | Chris Nicholl, le own goal dans la peau


Tandis que les années 70 ont marqué le football français par la finale perdue de Sainté face au Bayern, l’Angleterre a elle subi un traumatisme. Ou un miracle selon certains. Alors que Leicester et Aston Villa s’affrontent dans un match des plus banals en mars 1976, le défenseur Chris Nicholl va décider de tout faire dans cette rencontre. Si si vraiment tout.

Lors de la saison 1975-1976, Aston Villa retrouve le Championnat d’Angleterre après deux ans d’absence. Toutefois ce retour est délicat. Si les Villans résistent à domicile, les déplacements se réduisent souvent à des gifles cinglantes. Un petit aperçu de leur potentiel : 5-3, 3-0, 4-1, 5-2, 3-0…

Depuis le 21 février, et une victoire 2-1 face à Manchester United, pas la moindre trace de succès lors des trois rencontres suivantes. Alors au moment de se rendre à White Hart Lane pour aller défier Tottenham, autant dire que leur sérénité fond comme neige au soleil. Les Spurs l’emportent facilement 5-2. Toutefois ce match a été marqué par un but contre son camp d’un joueur d’Aston Villa, qui a dévié une frappe de Ralph Coates devant son gardien John Burridge. Son nom ? Chris Nicholl. Loin d’être un novice dans le championnat d’Angleterre (plus de 600 matchs dans l’élite), Nicholl va pourtant écrire sa légende lors de cette semaine historique.

Pour essayer d’enrayer cette mauvaise série, quoi de mieux d’enchaîner un nouveau déplacement vous me direz. À Leicester cette fois-ci. Ironie du sort, les Foxes ont vaincu Middlesbrough 1-0 la semaine précédente sur un but… contre son camp. Rarement les Dieux du CSC se sont montrés si pressants. Et le pire ne s’est même pas encore produit.

Le résumé du magique Leicester – Aston Villa

Samedi 20 mars 1976. La rencontre débute et d’entrée on se rend compte que cette partie sera « différente ». Dès le quart d’heure de jeu, l’ailier gauche de Leicester City Brian Alderson centre dans la surface. Chris Nicholl saute plus haut que tout le monde… et pulvérise le ballon au fond de ses propres filets d’un coup de testasse imparable. Mais pas le temps de se reposer sur ses lauriers. Juste avant la mi-temps, le défenseur Nord-Irlandais profite d’une confusion dans la surface de Leicester et se jette en taclant pour égaliser. Un but rempli de grâce.

Si vous ne connaissez pas le spécimen, vous penserez que la pause permettrait à Nicholl de remettre toutes ses idées en place. Et en effet c’est tout le contraire. Même pas dix minutes de jouées depuis la reprise, que la situation identique à la première mi-temps se reproduit. Frank Worthington adresse un centre millimétré dans les six mètres de Villa sur la tête de Bob Lee. Mais c’était sans compter l’inévitable Nicholl.

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Plus vite, plus haut, plus fort. Telle la devise olympique, le Nord-Irlandais fait une nouvelle fois admirer son timing dans les airs, et postérise le buteur de Leicester. Mais quand il s’agit de parler d’utilisation du ballon, c’est autre chose. Le défenseur envoie une tête plongeante imparable pour Burridge. Triplé de Nicholl. Un but qui, ceci dit, n’est pas le plus moche. Et ce n’est pas le principal intéressé qui va nous contredire : « Mon second csc du match est le plus beau but que j’ai marqué de ma carrière. Aucun gardien n’aurait pu sauver ça ». Un génie.

Aston Villa presse dans cette fin de match. Sur un corner, une bousculade intervient dans la surface, plus personne ne sait où est le ballon. Personne ? Excepté ce bon vieux Nicholl, toujours là pour inscrire son petit but de raccro. 2-2. A star is born.

Nicholl, le but dans la peau

Si l’expression « être au four et au moulin » devait être symbolisé par un joueur, ce serait sans aucun doute Chris Nicholl. Le gars a tout fait. Limite il distribuait les cartons et sifflait les hors-jeux. Par deux fois il a mis Leicester en tête. Et à deux reprises, il a égalisé pour Villa. Le pompier pyromane toussa. Si l’effervescence autour de cette perf enivre les supporters des deux clubs, on en oublierait presque que le doublé de Nicholl en faveur de Leicester fait du Nord-Irlandais le 5e meilleur buteur des Foxes cette saison. En l’espace de 90 minutes. Mais l’exploit se poursuit après le coup de sifflet final.

« Après avoir marqué ces quatre buts, j’ai demandé à l’arbitre si je pouvais garder le ballon. Il m’a répondu : ‘non c’est mon dernier match, donc c’est moi qui le garde’ » C. Nicholl

Noir jusqu’au bout. Mais rassurez-vous, la lose est encore plus terrible que vous pouvez imaginer. La veille du match, Nicholl s’était rendu chez un coéquipier et lui avait prédit une prophétie à peine croyable.

« Juste avant le match de Leicester, je me souviens être allé chez Ray Graydon et avoir vu qu’il avait cinq ballons pour avoir réussi cinq coups du chapeau pour Villa. Je lui ai juré que j’obtiendrais, un jour, un ballon de match » C. Nicholl

Ni titre d’homme du match. Ni ballon. Une volonté de l’humilier. Mais Chris Nicholl n’est pas un joueur comme les autres. L’année suivante en finale de League Cup, le voici qui envoie un missile de 35 mètres au fond des filets. Permettant à Aston Villa de remporter la compétition.

Chris Nicholl, la quintessence du « tout ou rien ».


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