Décembre 1999. Reversés en Coupe UEFA après un exploit retentissant face au NK Maribor Teatanic, les Lyonnais se hissent jusqu’au troisième tour de la compétition avant d’affronter les Allemands du Werder Brême. Une opposition qui ne paye pas de mine, mais qui va s’avérer être l’un des actes fondateurs du sport collectif français à l’aube du XXIe siècle. Car oui, le PSG n’est pas le fondateur de la remontada. Rendons à Lyon ce qui appartient à Lyon.
En ce début de saison 1999-2000, les Lyonnais sont opposés au mastodonte slovène du NK Maribor Teatanic, pour le compte du troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions. Et comme leur nom l’indique, il s’agira d’un naufrage rhodanien. Les Gones vont dépenser pas moins de 220 millions de francs durant le mercato estival. Ce qui ne les dérangera pas pour être défaits à Gerland au match aller sur le score de 1-0. Et de subir un second revers deux semaines plus tard en Slovénie (2-0). Nous sommes le 25 août, et la saison est déjà plombée.
Maigre lot de consolation, Lyon dispute la Coupe UEFA. Faciles tombeurs de Helsinki et du Celtic Glasgow aux deux premiers tours, les joueurs de Jean-Michel Aulas sont opposés au Werder Brême en 1/16e de finale. Une double confrontation à montrer dans toutes les écoles de football dans la matière : « Maîtrise du score ». Un concentré de tout ce qu’il ne faut pas faire en somme.
Match aller. Une faim de Lyon
Au fil des tours, Gerland commence peu à peu à se remplir. Ce soir-là, près de 20 000 supporters vont assister à un match à sens unique. Dès la 12e minute, Sonny Anderson cherche à s’appuyer sur Dhorasoo. Mais c’est finalement le défenseur Julio César qui lui remet dans la course. Solidarité brésilienne. Sonny n’a plus qu’à ouvrir le score d’une frappe sèche. 1-0.
Quelques secondes avant la pause, Tony Vairelles s’infiltre dans la surface et joue le une-deux avec Dhorasoo. Sauf que l’ex-Lensois ne s’attend pas à recevoir une chandelle comme déviation de ce diable de Vikash. Le contraignant ainsi à jouer le ballon de la tête alors qu’il se trouve à deux mètres de Dhorasoo. S’ensuit alors un cafouillage, qui ressemble d’ailleurs plus à un ruck de rugby. Le ballon finit par passer entre les jambes de ce maudit Julio César. Vairelles frappe dans le cuir, qui rebondit sur le tibia du défenseur et qui se transforme bien entendu en passe décisive pour Anderson, seul face au but vide. Le jeu à la nantaise lyonnaise.
77e minute. Sur une contre-attaque, Vairelles enfonce le clou : 3-0. Gerland est en fusion. À tel point que les Lyonnais terminent la rencontre par un tour d’honneur auprès de leurs supporters. La messe est dite, pense-t-on. Tous les éléments sont donc réunis pour une magistrale déconfiture au retour.
Match retour. Der Fussball champagne
Si vous pensiez que la seconde rencontre serait un ton au-dessus techniquement, c’est mal connaître les artisans bouchers de la Basse-Saxe. À peine le quart d’heure passé, Herzog se présente devant la surface de réparation. Il cherche un coéquipier dans un trou de souris, mais Serge Blanc dévie ce ballon qui revient dans les pieds de Bode sur la gauche. C’est le moment choisi par Coupet pour partir à la cueillette des champignons. Un sprint conclu par un tacle de District qui ne sert strictement à rien. Bode pique son ballon. 1-0 Werder. La légende est en marche.
Juste avant la pause, les Allemands jouent un coup franc à deux. Torsten Frings fait une feinte de corps sur David Linarès qui ne comprend absolument rien, et tombe même à la renverse. Outre s’être déplacé une dorsale sur la feinte, il laisse en plus traîner son pied ; croc-en-jambe. Sans doute le pénalty le plus facile à siffler de tout le XXe siècle. Herzog prend Coupet à contre-pied. 2-0. Wir leben Bad Gones.
Juste après la reprise, les Brêmois jouent rapidement un coup franc. Incroyablement seul au second poteau, Baumann n’a plus qu’à ajuster Greg. Battu une troisième fois en mois d’une heure. Les deux équipes sont désormais à égalité. Mais vu la dynamique, quelque chose nous dit que nous ne sommes pas au bout de notre joie.
Et un, et deux, et trois… et quatre zéro !
Arrive alors la 78e minute de jeu. Les Lyonnais poussent. Mais le château de sable que les hommes de Bernard Lacombe tentent d’édifier est balayé dans la foulée par une vague brêmoise. Sur une perte de balle, Frings lance en profondeur Ailton. Le Brésilien, un mètre derrière Jérémie Bréchet au départ de l’action, lui roule dessus et le distance de trois bons mètres à l’issue du sprint. Il sert Pizarro, seul au point de pénalty, pour le but de la qualif. Quatre à zéro.
Les quenelles sont cuites.