Rémi & Charly : “On n’a pas gagné tant qu’on n’a pas franchi la ligne…”


Grand Prix Cycliste de Saint-Symphorien-sur-Coise
Rémi et Charly en pleine accolade pour célébrer leurs 2ème et 3ème places.

A deux semaines seulement du Tour de France, une autre course mythique se déroulait dans notre pays ce week-end : le mythique Grand Prix Cycliste de Saint-Symphorien-sur-Coise. Cette course ne vous dit peut-être rien. C’est vrai que jusqu’à ce week-end, les chances d’en entendre parler étaient faibles. Mais ça, c’était avant la somptueuse célébration précoce de Rémi et Charly, que nous avons rencontrés pour debriefer ce moment de grâce. 

Tous deux membres de l’équipe EC Saint-Etienne-Loire, ECSEL (comme les formules) pour les intimes, Rémi et Charly pensaient offrir une victoire en duo à leur club. La seule difficulté n’était pas de se défaire de leurs concurrents, ce qu’ils sont parvenus à faire haut la main, mais de savoir qui des deux allait lever les bras au ciel. Enfin, c’était avant que Simon ne leur coupe l’herbe sous le pied à 5 mètres de l’arrivée.

Nous avons rencontré en exclusivité les deux protagonistes, voici notre échange.

L’interview de Rémi et Charly par la FFL

La FFL : Salut les gars ! Alors pour commencer, expliquez-nous le contexte déjà, cette course, votre saison…

C : Il s’agissait d’une course dans la catégorie Open 1. Elle ne présentait pas d’enjeu particulier. C’est une course comme on en fait d’autres dans la saison. On a l’habitude de courir ensemble avec Rémi, on fait partie du même club, le EC Saint-Etienne-Loire. C’était environ notre 15ème course cette saison, donc on peut dire que c’était une journée au boulot normale.

R : Le parcours était taillé pour puncheur-grimpeur. C’était une étape un peu piégeuse avec du dénivelé et des descentes, bouclée en 28 tours.

Comment s’est passée votre échappée, c’était le fruit d’un long travail ?

C : L’échappée s’est faite super tôt. Moi je suis sorti au bout de 10 kilomètres (sur 93). Dans l’échappée on était 7-8, dont 3 de notre équipe. Puis à 10 tours de la fin, l’échappée s’est coupée en deux, formant deux groupes de 4 coureurs dont nous deux.

R : Simon (ndlr : le futur gagnant) a attaqué, ce qui a fait sauter le coureur de Grenoble. Puis on s’est retrouvés tous les 3 avec Simon. On en a profité d’un point de vue stratégique pour l’attaquer un tour chacun. On est parvenus à épuiser Simon puis on s’est retrouvés tous les deux en tête à quelques kilomètres de l’arrivée.

Racontez-nous les derniers instants de la course ?

C : Dans le dernier tour on avait une avance confortable. À 1,5 kilomètres de l’arrivée, on a commencé à discuter pour savoir qui allait gagner. Les gens au bord de la route nous disaient qu’on avait une grosse avance, donc on était sûr de gagner. Je pense qu’on devait avoir environ 40 secondes d’avance. Le problème c’est que nous n’avions pas d’ardoisier cette fois-ci contrairement aux autres courses. On était à l’aveugle.

R : C’est une situation que nous n’avions jamais vécu auparavant, nous n’avions pas imaginé que Simon se trouvait quelques secondes derrière cette voiture qui s’est finalement garé tout proche de la ligne.

[Ndlr] Petite précision bien FFL pour nos deux amis : normalement une voiture ne peut s’intercaler entre des coureurs que si l’écart est supérieur à 45 secondes, ce qui n’était pas le cas. Le petit coup de pouce (et de poisse) du destin.

Qui était censé gagner ?

C : Le choix était assez simple. Rémi m’avait laissé gagner plus tôt dans l’année. Donc je devais lui laisser la victoire, un genre d’échanges de bons procédés.

Que vous êtes-vous dit quand Simon vous a dépassé ?

C : Au début on se sent un peu cons, on se regarde et on se dit ‘qu’est ce qu’on a foutus ?’. Tout redescend. On entendait les gens crier, on pensait que c’était pour nous. On était dans notre moment. Mais on ne savait pas que c’était pour nous avertir que quelqu’un d’autre arrivait. Puis quand on le voit franchir la ligne d’arrivée, c’est la descente aux enfers.

R : Simon nous a dit ‘bien joué’. Il a été cool en avouant que nous étions plus forts que lui et qu’on l’avait semé à la pédale. Mais lui n’a rien lâché, il voulait protéger sa 3ème place et au final il nous a vus et a tout tenté. Il a été pro sur ce coup.

Comment ce moment de gloire a-t-il été vécu au sein du EC Saint-Etienne-Loire ?

C : Notre directeur sportif était présent sur la course, il nous a pris à part pour nous parler. Il nous a dit de décrocher des réseaux sociaux pendant 1 à 2 jours dans le but de nous protéger. En plus on a des objectifs qui arrivent prochainement. Dans 2 semaines on a une course par étapes dans le Cantal, au Tour de la CABA (1-2 juillet). On a à cœur de performer pour prendre notre revanche.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

C : C’est une déception personnelle, à nous d’en tirer les conséquences et de ne pas récidiver.

R : Moi ça me fait plus rire qu’autre chose.

Est-ce un sentiment de fierté ? Quel souvenir en gardez-vous ?

C : Moi je m’en serai bien passé personnellement. Après cela fait toujours de la visibilité pour le club, si ça peut nous aider à trouver d’autres sponsors alors tant mieux.

R : Et on n’est pas seulement équipiers de vélo, on se voit même en dehors. Je pense qu’on en rigolera bien.

C : Ça m’a quand même permis d’offrir un bouquet de fleurs à ma copine… (rires)

R : Et moi à mes parents !

Quel conseil pourriez-vous donner aux autres cyclistes pour éviter ce genre de situations ?

C : Il faut appuyer jusqu’au bout et bien regarder derrière soi.

R : On n’a pas gagné tant qu’on n’a pas franchi la ligne d’arrivée…

Si on vous envoie une photo du finish dans un cadre, vous la mettriez aux toilettes ou vous le laisseriez dans le carton ?

C et R (en rigolant) : Aux toilettes c’est parfait !

Quel est le plus probable : que l’ASSE remonte en Ligue 1 ou que votre club soit maintenu en National 1 ?

C : Si on ne refait plus de bourde comme ça, on devrait se maintenir ! (rires)

La rédaction de la FFL remercie Rémi et Charly pour leur temps et leur auto-dérision. Nous leur avons naturellement envoyé une tenue FFL, qui devrait être bien honorée. Du moins, on l’espère (ou pas).

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