Coupe Caribéenne 1994 | Barbade, le véritable Pirate des Caraïbes.


Barbade Grenade

En cette douce année 1994, qui verra notamment la Seleção remporter son quatrième sacre mondial aux États-Unis, une autre compétition a marqué les esprits : la Coupe de la Caraïbe. Si vous pensiez que seuls les pirates avaient rendu célèbre cet endroit reculé de la planète, c’est mal connaître la Barbade et la Grenade.

Ce qui va suivre dépasse tout entendement. Ne cherchez pas à trouver une réponse rationnelle, il n’y en a pas. En janvier 1994 se déroule la phase de qualification à la Coupe de la Caraïbe. Et le casting est des plus alléchants ; Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Suriname, Saint-Christophe-et-Niévès sans oublier l’immense Montserrat se battent tels des chiffonniers pour se qualifier.

Mais ce ne sont pas eux qui vont attirer toute la lumière. Ni même le vainqueur du Trinité-et-Tobago, qui organisait pourtant cette compétition sur ses propres terres. Non, le miracle de cette Coupe de la Caraïbe 1994 va avoir lieu lors du dernier match de la phase de qualification. Ce fameux groupe 1 où la Barbade et la Grenade font chacune faire entrer l’autre dans la légende du sport collectif.

Des organisateurs aux idées originales

La phase de poule commence pourtant de manière « normale ». Pour le premier match, la Barbade s’incline 1-0 à domicile face à Porto Rico. Deux jours plus tard, la Grenade et Porto Rico se neutralisent sur un match nul. Mais première surprise, la partie ne peut pas s’arrêter sur un score de parité.

Il y aura donc une séance de prolongations avec une idée incroyable : le but de platine. Oubliez les tristes buts en or ou même en argent, c’est le platine qui rafle la mise aux Caraïbes. Ce dernier consiste à compter double un but inscrit en prolongation. Et ce pour éviter des égalités parfaites dans les groupes. Et comme souvent, ce qui apparaît comme une idée de génie au premier regard, va très vite devenir une folie sans nom. Cette règle entre néanmoins directement en concurrence avec celle de Jacques-Henri Eyraud, pour qui les buts comptent double quand ils sont marqués en dehors de la surface. Faudrait se mettre d’accord.

Le match suivant est déjà le dernier. En effet les organisateurs ont été frappé par une autre inspiration divine : faire des poules de 3 équipes. On touche le fond ou les sommets, c’est selon les goûts. L’ultime rencontre entre la Barbade et la Grenade avait tous les ingrédients pour devenir unique. Elle va même être mythique.

Le résumé du match Barbade – Grenade

La Grenade est première du groupe, la Barbade dernière. Mais si elle gagne par au moins 2 buts d’écart, la Barbade récupère la première place et donc se qualifie. Autant vous dire que les calculettes ne seront pas loin du banc de touche des deux équipes. Dans son antre du Barbados National Stadium, les Barbadiens entament de la meilleure des manières cette partie en ouvrant le score. Puis doublent le score en seconde période. Les voici donc potentiellement qualifiés.

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Mis au pied du mur, les Grenadiens se révoltent. Et durant les dernières minutes de la rencontre, les assauts de la Grenade vont pleuvoir sur les cages des locaux. Et à la 83e minute, ce match va prendre place dans la postérité.

En réduisant le score à 2-1 à sept minutes du terme, il reste trop peu de temps à la Barbade pour marquer un troisième but. Alors que les Grenadiens placent les locaux face à un dilemme barbadien, ces derniers ont soudain une idée qui leur fait tilt dans la tête : et s’ils se mettaient un but contre leur camp pour filer en prolongation et profiter du but de platine qui compte double ? Aux grands maux les grands remèdes comme on dit. Ce jour-là, l’esprit du football fut entièrement réinventé.

Attaquer et défendre sur les deux cages, why not ?

C’est alors qu’une scène totalement loufoque voit le jour. Tandis qu’ils s’aperçoivent bien qu’ils ne parviendront pas à percer le verrou grenadien, le défenseur et le gardien de la Barbade s’échangent des passes devant leur but, discutent, puis le premier prend ses responsabilités et envoie un énorme missile sans ses propres cages. 2-2. Le match vient de passer dans une nouvelle galaxie.

La Grenade veut désormais éviter de disputer les prolongations, une défaite par un but d’écart lui sied bien. Les Grenadiens se ruent alors sur les cages de la Barbade pour essayer de remporter le match, mais également sur les leurs pour inscrire un CSC qui leur éviterait les prolongations, et donc assurerait la qualif. Le clou du spectacle intervient lorsque les Barbadiens tentent de défendre sur les deux cages du terrain en même temps. Les mots nous manquent.

Mais les Grenadiens échouent à se mettre un CSC, et doivent donc disputer ces fameuses prolongations. Avant même la reprise du match, on sait pertinemment comment cela va se passer. Il ne faut que 4 petites minutes en prolongation pour que les Barbadiens décrochent la victoire avec ce but primé. Succès 4-2. Les larmes de rire pour la Barbade, de pleur pour la Grenade.

Bien entendu, cette situation délirante ne sied guère à James Clarkson. En effet il n’en faut pas plus au sélectionneur de la Grenade pour dégoupiller face aux journalistes.

« Le gars qui a pondu cette règle devrait prendre la direction de l’asile de fous. Nos joueurs ne savaient même pas dans quelle direction attaquer. Je n’avais jamais vu ça » J. Clarkson (conférence de presse)

On te rassure James, nous non plus.


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