Coupe UEFA 2018. Oubliez le 26 mai 1993, le Milan AC et le Stade Olympique de Munich. Nous parlons certes de la Coupe d’Europe, mais celle aux petites oreilles. Après deux finales perdues en 1999 et 2004, l’OM a l’opportunité de réaliser la fameuse passe de trois face à l’Atlético Madrid. Au Groupama Stadium qui plus est. Petite rétro de cette épopée unique en son genre.
L’OM fait valser les Autrichiens de Salzbourg
La saison olympienne débute dès le mois de juillet, et le 3e tour de qualification de la Ligue Europa. À l’heure des sardines grillées sur le Vieux-Port, les joueurs de l’OM entament un périple européen face au gigantesque KV Ostende. Qu’ils disposeront aisément sur le score de 4-2. Mais c’est pas fini. Si les Marseillais pensent s’en sortir à bon compte, c’est trop vite oublier les fameux barrages. Cette fois-ci, ce sont les Slovènes du NK Domzale qui attendent l’OM de pied ferme au début du mois d’août. Victoire 4 buts à 1. Direction les phases de poule. Enfin.
On l’oublie trop souvent, mais les Marseillais sortent in extremis de leur groupe. Une deuxième place à la clef derrière… le Red Bull Salzbourg. Déjà. Qualifiés en phase finale, les Phocéens font tomber un à un Braga (3-1) et Bilbao (5-2) pour se hisser en quart. Mais l’exploit se trouve ailleurs. Opposé au RB Leipzig, l’OM va sortir le grand jeu. Une défaite 1-0 en Allemagne, mais une victoire écrasante 5-2 au Vélodrome. Une soirée folle, qui voit Timo Werner rester sur le banc à cause de ses acouphènes, et le Titi Parisien Jean-Kévin Augustin chambrer le Virage, l’index sur la bouche, pour finalement subir une fessée saignante. Digne du geste de l’oreille de Kurzawa. Comme dirait Romain Grosjean « this guy will never learn ». Il y avait OM – Newcastle. Il y a désormais OM – Leipzig.
Dès lors, le peuple marseillais chope une fièvre inquiétante, tenace : celle de l’espoir. On commence à y croire. On se met à allumer des cierges à Notre-Dame de la Garde. Alors quand le tirage au sort des demi-finales attribue Salzbourg, permettant d’éviter l’Atlético et Arsenal, on se voit déjà soulever la coupe sur la Canebière. La double opposition face aux Autrichiens s’apparente à une balade de santé. Mais ces derniers vont faire danser la valse aux Marseillais. Après une défaite 2-0 au Vélodrome, Salzbourg s’impose sur le même score à domicile. Mais c’était sans compter sur Rolando qui envoie un plat du pied léché dans le petit filet. Do Brasil.
Le résumé du match OM – Atlético
Les Olympiens retrouvent la finale de la Coupe UEFA, quatorze ans après celle foirée face au FC Valence. Et comme à Göteborg, les Phocéens arrivent à Lyon dans un état de fatigue monumental. Lessivés. A l’entrée du terrain, Dimitri Payet réalise déjà le geste de trop: celui de toucher la coupe. Les superstitieux savent la portée de ce terrible contact. Et si Drogba s’était blessé à Monaco quelques jours avant la finale de 2004, Payet ne survit lui que 30 minutes dans ce match. La faute à une cuisse qui lâche. Et une Coupe du Monde qui s’envole pour Dim’, pas retenu dans la liste de Deschamps le lendemain de la finale. La poisse.
Ne réalisez pas ce geste chez vous. Jamais.
Mais revenons au match. Dans un Groupama Stadium que les supporters Marseillais devaient « tout casser » selon la célèbre comptine, c’est Germain qui s’y tente en premier. Mais à sa manière. Dès la 3e minute de jeu, Valère est lancé seul dans la surface. Il ajuste Oblak et adresse une merveille de plat du pied dans la tronche des supporters espagnols. 0-0. Histoire de faire taire tous ses détracteurs.
Le match tend à s’équilibrer, quand vingt minutes plus tard Mandanda décide d’envoyer sans raison aucune un cachou dans les chevilles de Zambo Anguissa. Le Camerounais rate tellement son amorti qu’il ressemble à un contrôle orienté. Gabi est là pour lancer Griezmann seul devant. Contrairement à Germain, Grizou décide de faire trembler les filets des cages, et pas ceux des tribunes. 1-0.
Pas de C3, mais la passe de trois réussie
La pause intervient, alors on se dit logiquement que les batteries vont être rechargées côté marseillais. Et que les Colchoneros vont vivre un sale quart d’heure. Que nenni. Comme en première période, il ne faut attendre que 3 petites minutes pour assister à une nouvelle action de grande classe. Griezmann se glisse dans la défense pour inscrire son doublé d’un amour de piqué. 2-0.
On se dit alors que l’OM file tout droit vers une nouvelle finale perdue, mais c’est mal connaître la grinta marseillaise. Les Phocéens sonnent la révolte par l’intermédiaire de Njie tout d’abord, qui voit son extérieur du pied droit finir en touche.
Puis, à dix minutes du terme, Mitroglou place une tête millimétrée sur le poteau d’Oblak. Chirurgical. La suite n’est qu’une longue souffrance vers le coup de sifflet final, avant que le capitaine Gabi ne vienne conclure ce joli travail : 3-0. Mais Rudi Garcia, en tant que fervent défenseur des traditions de notre pays, n’oublie pas de vénérer la lose.
« Il n’y a pas à rougir de cette défaite » R. Garcia
Bien dit Rudi. L’OM perd sa 4e finale de Coupe d’Europe en 5 tentatives. Un réalisme saisissant. Mais l’exploit n’est pas terminé. Foirer la C3 ne suffit visiblement pas aux Olympiens. Durant toute la saison, les Marseillais luttent avec l’OL et l’AS Monaco pour une qualification en Ligue des Champions. Mais l’OM parvient à réaliser une performance de haut vol : terminer 4e de Ligue 1 avec 77 points. Du jamais vu.
Cette fois-ci, on peut le dire sans avoir peur des railleries.
À jamais les premiers.