Quatrième des FFL d’Or 2020, le XV de France a construit son prestige sur une saison poulidoresque. Seconds au Tournoi des 6 Nations ainsi que pour la toute récente Autumn Nations Cup, les Bleus de Galthié perpétuent la grande tradition ovale en France. Toutefois, sans vouloir se faire affubler de l’étiquette de « réac’ », on ne risque pas grand-chose en avouant que c’était (bien) mieux avant. La preuve ? Retour un demi-siècle en arrière. Tournoi des 5 Nations 1957. Une édition qui fait toujours parler d’elle aujourd’hui…
Pour mieux comprendre la prouesse dont nous allons vous faire part, il est important de bien recontextualiser l’époque. Lors du premier match disputé de son histoire le 1er janvier 1906, le XV de France met d’emblée les petits plats dans les grands. Un revers 38-8 à domicile face aux All Blacks. Dix essais à deux. Au total, ce sont onze défaites lors des onze premières rencontres qui vont attendre les tous premiers internationaux français. Soit cinq années de dévotion à la défaite. La véritable définition du French-flair.
Pendant près de 50 ans, les Tricolores vont alterner entre le chaud et le froid. Entre victoires inattendues face à la Roumanie et déconvenues au Tournoi des 5 Nations. Un niveau si bas qui contraint les organisateurs du Tournoi à exclure la France de 1932 à 1939. Les instances lui reprochant d’abaisser trop fortement le niveau du Tournoi. Très clairement l’âge d’or de l’ovalie française.
Mais dès le début des années 50, on commence à sentir que le vent tourne. Jusqu’à ce que l’Équipe de France ne commette l’irréparable. Le gain du Tournoi en 1954. Et comme si l’affront n’était pas suffisant, le doublé en 1955 vient briser un demi-siècle d’efforts à persévérer dans la débâcle. Encore incompréhensible aujourd’hui.
1957, l’année de tous les possibles pour le XV de France
Le XV de France fait désormais partie de la crème européenne. Et les Bleus comptent bien retrouver leur Graal après avoir terminés deuxièmes en 1956. Pour cela, rien de mieux que d’affronter les ogres tchécoslovaques juste avant le Tournoi. Une victoire 28-3, six essais à rien. La confiance gonflée à bloc, il ne reste plus qu’à confirmer cet état de grâce face à l’Écosse dès le début de la compétition.
12 janvier 1957. 1e journée du Tournoi. Les Tricolores accueillent le XV du Chardon au Stade Yves-du-Manoir à Colombes. 0-0 à la mi-temps. Le match est haché. Impossible à regarder. L’équivalent du Lorient – Nîmes du Tournoi des 5 Nations. Mais ça, c’est avant que l’arrière écossais Scotland (qui porte fichtrement bien son nom) ne fasse plier la France d’un seul drop et d’une pénalité. Score final 0-6. Parfaite entrée en matière.
La bave du Poireau n’atteint pas Colombes
Deux semaines plus tard, les Bleus se rendent à Dublin pour y affronter l’Irlande. Un revers 11-6, suivi d’une défaite 9-5 la semaine suivante à Twickenham. Et les Tricolores peuvent enfin respirer, ils sont les seuls derniers du classement. Ce n’est qu’un mois plus tard que le XV de France va jouer sa dignité à l’occasion du dernier match du Tournoi. Et la réception du Pays de Galles à Colombes.
En cas de nouvelle défaite, les français peuvent enregistrer la 8e Cuillère de Bois de leur histoire. Il ne fallait pas meilleur prétexte pour succomber une nouvelle fois à domicile (13-19). Les Bleus réalisent un strike de toute beauté. Appelé whitewash par nos amis anglais, comprenez par-là « lessivage ». L’image est toute trouvée. Cette Cuillère de Bois ne pouvait pas mieux tomber. C’est en 1957 que l’ORTF décide de diffuser le Tournoi des 5 Nations pour la toute première fois. Il est peut-être là le véritable French-flair après tout.
Après l’infamie du doublé 1954-55, le blason est enfin redoré.
Le chiffre : 64
Depuis 64 ans, la Cuillère de Bois est attendue à Marcoussis. La dernière fois, le Président de la République se nommait René Coty. Notre Raïs à nous. Cette bonne vieille France qui nous manque tant…