La NASCAR est une religion aux États-Unis. Mais le Dieu de cette catégorie n’a pourtant jamais été sacré. Son nom ? Mark Martin.
Stirling Moss a marqué l’histoire de la Formule 1 en devenant quatre fois d’affilée vice-champion du monde entre 1955 et 1958 derrière sa bête noire, Juan-Manuel Fangio. Alors nous nous sommes logiquement demandé si la catégorie reine du sport automobile était la seule à compter dans ses rangs une légende teintée de lose. Un “champion sans couronne”. Et il faut dire que la NASCAR possède un pilote encore plus endurant dans la défaite que Moss. Ladies and gentlemen, please welcome Mark Martin.
1990, date fondatrice de la légende Martin
La love story entre Mark Martin et la NASCAR commence en 1981. Mark se fait la main durant les premières années, et se bat pour la première fois pour le titre en 1989. Son adversaire ? Dale Earnhardt, véritable légende de la discipline. Mais cela n’impressionne pas Martin. Le pilote américain remporte trois courses, termine seize fois dans le top 5 et se retrouve en tête du classement à seize reprises.
Mais la saison de Martin va connaître un tournant à Richmond. Victorieux, Mark Martin se voit infliger une pénalité de 46 points car un carburateur a été soudé sur sa voiture, au lieu d’être boulonné. Une anomalie qui ne lui a octroyé aucun gain de performance, mais les règles sont les règles chers amis. En fin de saison, Mark termine second à 26 points de Earnhardt, et devient le premier pilote à perdre un championnat automobile pour un problème de fixation du carburateur. La légende est en marche.
1994, la drapeau blanc des hostilités
Quatre ans plus tard, Mark Martin parvient à réaliser à nouveau l’exploit de finir vice-champion. Cette fois, pour le suspense, on attendra. Avec huit abandons, Martin termine à 444 points de ce diable de Dale Earnhardt.
Toutefois, l’apogée de cette saison n’est pas son classement, mais bel et bien sa course à Bristol. Mark s’apprête à signer une victoire probante, quand le bougre plonge dans les stands à un tour de l’arrivée, sans aucune raison. Ou du moins si. Ce génie a confondu le drapeau blanc, signifiant qu’il reste un tour à parcourir, avec le drapeau à damiers. Nous avons affaire à un crack, tout simplement. Mark termine 11e, et ne sait pas où se mettre à l’arrivée.
“C’est la chose la plus stupide que j’aie jamais faite” M. Martin
1998 – 2002, la régularité paye
La relation entre Mark Martin et ses titres de vice-champion de NASCAR est assez particulière. On pourrait la comparer aux olympiades ; tous les quatre ans, c’est l’événement à ne pas rater. Après 1990 et 1994, l’édition 1998 ne déroge pas à la règle. Pourtant, Mark a certainement effectué son meilleur pilotage. Pas moins de 7 victoires et 22 top 5 durant la saison. Mais un certain Jeff Gordon a tenu à lui infliger un troisième presqu’sacre en NASCAR. Le coquin.
Vous vous demandez réellement quand va avoir lieu la prochaine seconde place de Mark Martin au championnat ? Vraiment ? Le cycle des quatre ans continue son bonhomme de chemin, et nous donne rendez-vous en 2002. Au volant de sa mythique Viagra Ford Taurus, Mark Martin hisse sa voiture au second rang du championnat pour la quatrième fois de sa carrière.
2009, la boucle est bouclée par Martin
En 2009, Mark réalise une nouvelle fois une saison époustouflante en NASCAR. Cinq victoires et sept poles positions plus tard, le pilote natif de l’Arkansas vise un premier sacre. Face à lui, Jimmie Johnson, triple champion en titre de NASCAR. Et Martin ne va pas faire le poids face à son concurrent, ratant le titre pour 141 points. Comme on dit aux States, jamais trois sans quatre.
“Il n’y a aucune frustration. Je suis très fier de ce que nous avons accompli. Pour moi, le seul fait d’avoir une chance est assez incroyable” M. Martin
Si Jimmie Johnson remporte le championnat pour la quatrième fois de suite, Mark Martin se rapproche clairement plus de nos valeurs. Un cinquième titre de vice-champion de NASCAR. Alors qu’on lui demande s’il a réellement les armes pour décrocher un titre dans sa carrière, Mark Martin n’hésite pas à monter au créneau. Et délivrer une première prophétie lunaire.
“Je me fiche de ce que les gens prédisent, ce ne sont pas mes affaires” M. Martin
L’année suivante, il termine 13e et rate la Chase for the Cup de peu. En effet, seuls les 12 premiers pilotes peuvent ensuite se battre pour le titre. Un nouveau concept de seconde place en quelque sorte. Mais ce n’est pas fini, il est également demandé au pilote de l’Arkansas si Jimmie Johnson sera favori l’année suivante. Visiblement frustré de son énième seconde place, Mark ne tarde pas à fustiger le journaliste qui a posé cette question.
“Comment pourrions-nous savoir que Jimmie Johnson sera l’homme à battre en 2010 ?” M. Martin
Jimmie Johnson sera champion en 2010 pour la cinquième fois d’affilée. Mark, ce devin. Mais Martin, c’est surtout 40 victoires, 56 poles, 453 Top 10 et cinq titres de vice-champion de NASCAR. Pour rendre hommage à son immense carrière, le journal ESPN l’a nommé “meilleur des pilotes à ne jamais avoir gagné un championnat”. La classe à l’Arkansas.
En 2017, la NASCAR décide d’introniser Mark Martin dans son Hall of Fame. Le strict minimum pour un tel génie.