AS Saint-Etienne Bayern Munich | La légendaire épopée des Verts


Saint Etienne - FFL

12 mai 1976. Si la FFL telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existe que depuis peu, il ne faut surtout pas oublier qu’elle n’est que la conséquence de faits historiques uniques dans l’art de la défaite. C’est un patrimoine à ne jamais enterrer, un devoir de mémoire à faire perdurer.

Dans cette guerre pour célébrer l’échec, la défaite ou la remontada, il fut un temps où une bataille avait été remportée haut la main par la France. Et pas n’importe comment.

1975-1976 : La bataille des poteaux carrés

Dans les années 70, la France des perdants se porte bien, très bien même. Poulidor est le symbole – notre symbole – celui de l’éternel second…. Le Paris Saint Germain est créé, permettant au passage de renouveler le contingent de futurs Losers européens de notre grande nation.

Seulement, un club français est tout près de casser cette belle série. Ce club, c’est l’ASSE et son Ange Vert, le terrible Dominique Rocheteau. Après la qualification en Coupe des Clubs Champions (l’ancienne Champions League), tout le monde avait déjà en tête une habituelle élimination dès les deux premiers tours… Comme finalement chaque club français avait pu le faire, tous les ans, avec brio – sauf Reims, ces traitres.

Sainté, les irréductibles Gaulois

Saint-Etienne a donc pris ce chemin de la trahison… jusqu’à même nous faire penser que le club allait quitter prématurément la FFL. Après un parcours sans faute, Sainté arrive en grande pompe en finale, face à l’ogre du Bayern Munich.

Ni une ni deux, toute la France se désolidarise et se met à croire en la possible victoire des Français. Hérésie. Le destin force parfois les choses, bien heureusement.
C’est Franz Beckenbauer et ses coéquipiers qui soulèveront la coupe, en gagnant le match 1-0. Eh oui vraiment… le destin force parfois les choses et écrit lui-même l’histoire… En 1976, dans ce stade de Glasgow où 30 000 personnes assistent à la finale, les poteaux des cages des gardiens sont encore carrés, à l’heure bon nombre de stades ont déjà opté pour la modernité : les montants ronds. 
Deux instants magiques feront fort heureusement de Saint-Etienne un pionnier de la lose, une fierté de la nation. Deux instants magiques où la balle s’écrasera sur ces poteaux carrés. La bataille aura été rondement menée, menant vers l’une des plus merveilleuses défaites du football français.

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Une légende se dessine…

Merveilleuse, elle l’était bien évidemment sur le terrain. Mais pour la faire entrer dans l’histoire, il fallait qu’elle soit suivie par le peuple tout entier. Et de quelle manière. Les Stéphanois seront le lendemain érigés en héros. A tel point qu’ils sont encore les seuls à avoir défilé sur les champs Elysées après une défaite, entourés de 100 000 supporters, puis accueillis par le président de la république, Valéry Giscard D’Estaing.
À croire que le principal roman de Leonard Cohen Beautiful Losers (1966), va prendre ton sous sens et devenir le livre de chevet du sport français en cette date symbolique du 13 Mai 1973
Quel pays peut se targuer d’avoir si majestueusement fêté cette défaite, due à une histoire de géométrie ? La France bien évidemment. Notre France.

Nous n’omettrons pas de mentionner cette fausse coupe d’Europe,

une coupe de “consolation” …

… Puis se cultive

Non-content d’avoir créer l’une des plus belles histoires de la lose il y a plus de quarante ans, il fallait bien la matérialiser, la faire perdurer par delà les anniversaires et autre soirée hommage.
Alors, pour entériner complètement cet échec, et comme le devoir de mémoire est important chez nous, l’ASSE achètera en 2013 et pour la modique somme de 20 000 euros ces fameux montants carrés. Ils sont depuis exposés au musée du club.
D’aucuns, un brin moqueurs, diront que Saint-Etienne vit dans le passé. D’autres, plus alertes, martèleront qu’une légende, elle se cultive, elle s’entretient. La défaite aussi… et ça, l’ASSE peut être fier de l’avoir compris.

La grande classe.